William Adolphe BOUGUEREAU (1825-1905)

Portrait présumé d’Hippolyte Bonnardel (1824-1856), étude pour Triomphe du martyre, vers 1853-1854
Huile sur toile
35 x 27,5 cm

Acquisition par la Société des Amis des Arts de la Rochelle pour le musée des Beaux-Arts de La Rochelle


Originaire de La Rochelle, William Adolphe Bouguereau débute sa formation à l’école des Beaux-Arts de Bordeaux avant d’entrer à l’École des Beaux-Arts de Paris dans l’atelier d’Édouard Picot. Lauréat du Grand Prix de peinture en 1850, il se rend à Rome où il séjourne à la Villa Médicis alors sous la direction de Jean Alaux. L’Académie impose au jeune Bouguereau, comme à tous les lauréats pendant leur pensionnat, des exercices obligatoires. Appelées « Envois », ces réalisations sont expédiées à Paris pour être jugées par les membres de l’Académie. 

En 1853, après deux années à visiter Rome et ses alentours, Bouguereau travaille sur son dernier Envoi. La toile, prévue pour être d’un très grand format, doit illustrer le transport du corps de sainte Cécile dans les catacombes de Rome et portera le titre de Triomphe du martyre. Dès le mois de janvier, le peintre réalise ses premières esquisses de composition et reçoit les conseils de Jean Alaux. Ce dernier, remplacé le 2 mai par Jean-Victor Schnetz à la tête de l’établissement, semble n’avoir eu que peu d’influence sur le résultat final, au contraire de son successeur. L’œuvre, ambitieuse, doit intégrer une vingtaine de figures pour lesquelles Bouguereau demande à certains des pensionnaires de poser. L’École des Beaux-Arts conserve un portrait de Charles Garnier qui prépare à la figure d’un jeune homme placé à gauche dans l’œuvre définitive. La découverte d’une autre étude de tête pour cette composition permet de compléter nos connaissances sur la genèse de cette toile. Ce nouveau visage se détache de profil sur un fond crème ; son cou musclé supporte une tête virile à la fine barbe taillée en deux pointes. Le modèle dirige son regard vers la gauche, là où sera finalement placé le corps de sainte Cécile, dont il soutient les jambes. Comme Garnier, un autre pensionnaire a dû servir de modèle pour cette seconde figure masculine. Le seul portrait connu du sculpteur Hippolyte Bonnardel, peint à Rome, permet de constater une véritable ressemblance avec l’étude de Bouguereau. Lauréat du Grand Prix de sculpture en 1851, Bonnardel arrive en Italie l’année suivante. Malheureusement, il y meurt à trente-deux ans des suites d’une crise de démence en 1856 alors qu’il est encore pensionnaire de la Villa. 

Une fois la toile achevée, Bouguereau rentre à Paris. Exposé au Salon de 1855, Triomphe du martyre permet à son auteur de recevoir de nombreux éloges de la part du public et de ses pairs. Le tableau, propriété de l’État, est par la suite déposé au château de Lunéville où il est finalement détruit dans un incendie le 2 janvier 2003.

W. A. Bouguereau, Triomphe du martyre. Le Corps de sainte Cécile porté dans les catacombes de Rome, 1854, huile sur toile, Lunéville, château (détruit en 2003)
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