Pierre-Antoine DEMACHY (1723-1807)

Caprice architectural au clair de lune, vers 1780-1790
Huile sur papier marouflé sur cuivre
21,5 x 25,2 cm

Vendu

Pierre-Antoine Demachy apprend les rudiments du métier d’artiste auprès de son oncle paternel, architecte. En 1754, il devient l’élève de Giovanni Niccolò Servandoni, un Florentin, lui-même formé par Giovanni Paolo Panini. Agréé peintre d’architecture en 1755, puis reçu à l’Académie en 1758, Demachy expose au Salon de 1757 à 1802. Une grande partie de sa production est consacrée aux vues du Paris de l’Ancien Régime et reste un témoignage précieux sur la capitale dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Demachy réalise également un certain nombre de décors de théâtre notamment pour les Menus-Plaisirs du roi à la demande de Louis XV. Ses autres œuvres représentent le plus souvent des paysages et des vues de villes dans lesquels architectures réelles et imaginaires se mêlent à la manière des caprices italiens. Ce genre popularisé en France par Hubert Robert, son contemporain, fait une large place aux ruines inspirées de l’Antiquité. Chez Demachy, bien souvent, les monuments de son époque se confrontent dans une même composition aux emblématiques symboles de la Rome impériale.  

Sous un ciel de pleine lune, se dresse au centre de la composition une colonne triomphale antique, inspirée par celles qui ornent les différentes places de la Ville éternelle. À sa base, le peintre a installé des baraquements de fortune faits de planches mal ajustées ; quelques mendiants s’affairent sur le sol boueux jonché d’éléments en ruine. Au second plan, une large façade de pierres blanches éclaire la partie inférieure de la composition. Constitué d’une monumentale colonnade qui délimite un portique dont l’entablement est surmonté de hautes sculptures allégoriques, le bâtiment semble s’inspirer du Grand-Théâtre de Bordeaux dont la construction vient de s’achever en 1780. Sur la droite, un arc de triomphe est envahi par la végétation puis au loin, les façades de la ville médiévale sont éclairées par la couleur rougeoyante des flammes provenant d’un bûcher ou un début d’incendie. La fumée grise montante se mêle aux nuages blancs qui laissent apparaître la lune. Demachy a peint au moins une autre version de cette composition. Vendue le 9 décembre 1910 lors de la dispersion de la collection Munier-Jolain (n° 35) sous le titre « Colonne et Monuments anciens », la reproduction de l’œuvre permet de voir que le peintre avait cette fois fait le choix d’une vision diurne. 

Malgré son répertoire largement inspiré par Rome, rien ne permet d’affirmer que Demachy ait visité l’Italie ; Diderot, souvent très critique à son égard, l’invite même à faire le voyage. Il est par contre très probable que le peintre connaisse Victor Louis, l’architecte du Grand-Théâtre de Bordeaux, qu’il peut croiser sur le chantier du Palais-Royal à Paris au début des années 1780. 


Nous remercions Madame Marie Pętkowska Le Roux d’avoir confirmé l’attribution de cette œuvre à Demachy. 

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