Horace VERNET (1789-1863)

Portrait d’homme oriental, étude pour Daniel dans la fosse aux lions, vers 1857
Huile sur toile ovale 
42 x 32 cm
Signé du monogramme en bas à droite HV

Acquisition par le Virginia Museum of Fine Arts

Membre central d’une célèbre dynastie d’artistes, Horace Vernet fait son apprentissage auprès de son père Carle, dessinateur et peintre de chevaux. Proche de Théodore Géricault dans sa jeunesse, il alterne romantisme et académisme dès le début de sa carrière. Parmi les premiers, Horace Vernet associe brillamment le goût du public pour l’Orient avec des sujets bibliques. Fort de l’expérience de ses nombreux voyages, il choisit de replacer certains épisodes de l’Ancien et du Nouveau Testament dans des décors inspirés directement de ses dessins faits en Algérie, au Maroc et en Égypte. Pour lui, les figures contemporaines de Bédouins ou de nomades du désert sont les plus à même d’incarner les Hébreux de l’ancien temps. Ce principe s’illustre parfaitement dans Agar chassée par Abraham en 1837, puis dans Juda et Thamar en 1840 mais également dans une autre peinture réalisée par l’artiste en 1857 et redécouverte seulement en 2019 à Paris. 

L’œuvre, qui s’inspire du Livre de Daniel (VI : 2-29), aborde l’épisode le plus célèbre de la vie du prophète. Adolescent, Daniel, dont le nom signifie « jugement de Dieu », est déporté à Babylone. Devenu fonctionnaire à la cour de Nabuchodonosor, il conserve quelque temps ses fonctions après la prise de la ville par le roi mède Darius Ier. Tombé en disgrâce suite à une campagne de calomnie, le prophète est condamné puis jeté dans une fosse aux lions pour être dévoré, mais est miraculeusement épargné par les fauves. Sur la toile, Vernet représente le jeune homme en costume bédouin, entouré par les lions, au fond d’un cachot. À genoux, les mains jointes sur la poitrine, il lève les yeux vers le ciel. Une toile ovale représentant le portrait d’un adolescent prépare à la figure du héros biblique. Peint avec rapidité, le modèle cadré en dessous des épaules se détache sur un fond gris. Comme sur l’œuvre définitive, son buste est représenté de trois quarts et sa tête de face légèrement relevée. Le garçon aux cheveux courts porte un fin collier de barbe, entrouvre les lèvres et regarde vers le haut. Horace Vernet, reprenant cette étude, choisit d’accentuer les traits du modèle pour le vieillir et le coiffe d’un large keffieh, cachant par là même le haut de son crâne et ses oreilles. 

Réalisée vers 1857, cette étude d’une grande sensibilité témoigne des dernières années d’activité du peintre qui cesse l’année suivante d’exposer au Salon. Deux ans plus tôt, pendant l’Exposition universelle de 1855, ses œuvres occupaient une salle entière et l’artiste fut récompensé pour l’ensemble de sa carrière. À sa mort en 1863, ayant reçu tous les honneurs, Horace Vernet apparaît comme l’égal d’Ingres ou Delacroix. 

H. Vernet, Daniel dans la fosse aux lions, 1857, huile sur toile, vente anonyme, Paris, Tajan, 26 juin 2019, n° 60






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