William Adolphe BOUGUEREAU (1825-1905)

Angelots, vers 1889
Étude pour Notre-Dame des Anges
Crayon sur papier
27,5 x 17 cm
Signé du monogramme en bas droite WB
Provenance : ancienne collection Hector Leroux

Vendu

À la fin du XIXe siècle, les peintres impressionnistes dont la diffusion des œuvres reste confidentielle n’intéressent qu’un petit nombre de connaisseurs issus de l’élite intellectuelle et littéraire. Aux salons, ainsi que sur les cimaises des galeries d’art, la production académique reste dominante. Le public s’émerveille devant les puissants portraits de Léon Bonnat, les reconstitutions antiques de Jean-Léon Gérôme, les nymphes d’Alexandre Cabanel et de Paul Baudry ou face aux scènes de bataille d’Édouard Detaille. Les grandes toiles à sujets historiques, mythologiques et religieux sont large- ment diffusées grâce à la gravure et aux nouveaux procédés photographiques, offrant à leurs auteurs célébrité et fortune. Le peintre William Bouguereau illustre jusqu’à la caricature cette génération héritière d’une longue tradition. Fort d’une solide formation débutée à Bordeaux puis poursuivie dans l’atelier d’Édouard Picot à Paris, Bouguereau passe avec succès chacune des étapes que doit ponctuer la carrière d’un peintre of ciel. Lauréat du Grand Prix de peinture en 1850, pensionnaire à la Villa Médicis jusqu’en 1853, il est plusieurs fois récompensé au Salon, puis élu membre de l’Académie des Beaux-Arts. Certains auteurs tels que Zola et Huysmans moquent alors ses œuvres autant que sa place au sommet d’un système qu’ils jugent sclérosé.

L’enfance est une thématique récurrente dans l’œuvre de Bouguereau. Ses toiles mythologiques et chrétiennes se couvrent d’angelots, celles dites de genre, les plus nombreuses, illustrent des fillettes aux expressions affectées. Ses propres enfants lui servent souvent de modèles et grandissent sous les traits de son pinceau, œuvre après œuvre. Entre 1875 et 1877, le peintre perd deux de ses ls, puis Nelly, son épouse. Les œuvres de cette période sont marquées par la douleur qu’il exprime dans de grandes compositions religieuses : Pietà en 1875 pour son ls de quinze ans, La Vierge consolatrice en 1877 pour la perte d’un second ls en- core en bas-âge et en n Une âme au ciel à la mort de sa femme en 1878. Bouguereau travaille avec acharnement et produit près d’une vingtaine de toiles chaque année. En 1889, deux de ses peintures connaissent un immense succès populaire : Psyché et l’Amour et L’Amour et Psyché enfants. Il travaille également à une toile religieuse de grand format. Titrée Notre- Dame des anges, l’œuvre représente la Vierge portant l’Enfant Jésus, debout sur un nuage, entourée d’angelots. Les bambins pourvus d’ailes blanches découlent d’un unique modèle peint dans différentes postures. Esquissés sur une feuille d’étude, deux d’entre eux adoptent les poses qu’ils conserveront dans l’œuvre définitive. Tracé au crayon avec énergie et précision, le premier se tient debout et se courbe à la manière d’un esclave de Michel-Ange. Le second, les mains jointes et un genou replié, évoque un putto de Raphaël, référence incontournable du peintre.

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