Henri LEHMANN (1814-1882)

Étude pour La Chasse, 1871
Aquarelle et gouache sur papier
28 x 22,5 cm
Annoté et daté en bas à droite […] Sept – dec 1871

 

Henri Lehmann débuta sa formation artistique auprès de son père Leo Lehmann, en Allemagne, avant d’entrer dans l’atelier de Jean-Auguste-Dominique Ingres en 1831 à Paris. En raison de sa nationalité allemande, le peintre ne peut concourir au Prix de Rome et part donc à ses frais re- joindre son maître alors directeur de l’Académie de France à Rome. De retour à Paris en 1842, il entame une carrière officielle. Peintre d’histoire, portraitiste renommé, il réalise également de nombreux décors religieux et profanes. Au milieu des années 1850, Henri Lehmann est au faîte de la gloire. Plusieurs commandes prestigieuses pour des églises de la capitale et différents bâtiments publics lui offrent la célébrité tout en faisant sa fortune. En 1856, l’important décor de la salle des fêtes de l’Hôtel de Ville de Paris sitôt achevé, le peintre travaille déjà sur les peintures de la salle du trône au palais du Luxembourg. À cette époque, le peintre fait l’acquisition d’une parcelle de terrain au numéro 23 de la rue Balzac dans le quartier du Faubourg-du-Roule, non loin des Champs-Élysées. Là, il fait construire son hôtel particulier dont il se charge lui-même de réaliser lentement les décors entre deux commandes. Il définit pour chaque pièce, chambres et salons, un programme d’inspiration allégorique. Après avoir représenté L’Aurore, Le Jour, Le Soir et La Nuit dans le salon dit « de Clémence », du prénom de son épouse, il choisit de nouveaux motifs pour orner les boiseries de sa salle à manger.

L’Eau, Le Vin, Le Pain, Les Fruits, Les Fleurs, La Pêche et La Chasse doivent venir s’insérer tout autour de la pièce. Lehmann, qui n’exécute pas lui-même les peintures, fournit à ses assistants, pour chacun des thèmes, une gouache en couleur et un carton aux dimensions définitives du sujet. Modèles féminins et masculins alternent pour illustrer chaque thème.

La Chasse épouse les traits d’un homme dénudé qui évoque à la fois Hercule et Ulysse. De pro l, les jambes écartées, le héros tend la corde de son arc et tire une èche. Son chien, gueule ouverte, attend patiemment à ses pieds d’aller récupérer le fruit de cette chasse. Le modello en couleur pour cette composition est peint à la gouache et à l’aquarelle avec une technique qui imite celle des papiers peints. Dans le bas de la page, sous le motif, le peintre précise au crayon qu’il travailla sur ce sujet entre septembre et décembre 1871. Après la mort de Lehmann, le grand carton en noir qui servit de poncif pour le décor de La Chasse fut offert par la veuve du peintre au musée de Lille. Esquisses et cartons témoignent de l’œuvre définitive qui disparut avec les autres décors lors de la destruction de la maison du peintre.

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