Théodore CARUELLE D’ALIGNY (1798-1871)

Bosquet d’arbres, vers 1835-1840
Huile sur papier marouflé sur toile
49,5 x 33,5 cm
Signé du monogramme en bas à droite TCA
Provenance : collection particulière, Paris

En cours d’acquisition par la Fondation Custodia

Originaire de la Nièvre, Théodore Caruelle d’Aligny s’installe à Paris avec sa famille à l’âge de onze ans. Dans la capitale, il reçoit ses premières leçons du peintre paysagiste Louis-Étienne Watelet avant d’intégrer l’atelier de Jean-Baptiste Regnault, artiste auprès duquel il se forme à l’art des figures. Fort de ce double apprentissage, il participe pour la première fois au Salon en 1822 en exposant une toile illustrant les amours de Daphnis et Chloé dans laquelle le paysage occupe une place importante. Dès le début des années 1820, Caruelle se rend dans la forêt de Fontainebleau pour travailler en plein air et loue une maison à Barbizon. Il se lie très tôt avec différents artistes issus de l’atelier de Jean Victor Bertin, dont Camille Corot. En 1824, le jeune artiste entreprend un voyage de trois ans en Italie où il retrouve nombre de ses amis paysagistes. Il découvre Naples, Rome et les principaux sites du Latium, de Civita Castellana à Tivoli, en passant par Subiaco. À son retour en France en 1827, Caruelle retourne en forêt de Fontainebleau pour peindre et dessiner arbres, rochers et crayères.

Adepte de l’huile sur papier, technique qui lui permet de travailler directement sur le motif, Caruelle d’Aligny peut ins- taller son chevalet en différents points de la forêt. Saisi par la simplicité d’un bosquet d’arbres plantés sur un talus de terre, il commence par tracer à la pointe du crayon les grandes verticales des troncs puis les feuilles, une à une détourées. La mise en couleur vient par la suite : l’arrière-plan en larges masses vertes; le ciel en aplat bleu qui ménage une réserve autour des arbres; le talus, traité en larges coups de brosse chargée d’ocre et enfin les détails des troncs et du feuillage. Précise et naturaliste à l’état de dessin, l’étude se dépouille au fur et à mesure de sa mise en couleur et laisse, en certains points, le support et le crayon visibles. L’artiste ne considère pas pour autant son œuvre comme inachevée et la paraphe de son monogramme. Cette manière propre à Caruelle de synthétiser la nature lui vaudra le surnom d’« Ingres du paysage ».

À partir du début des années 1830, Théodore Caruelle d’Aligny obtient peu à peu la reconnaissance qu’il mérite et reçoit plusieurs commandes officielles pour des églises ou des édifices publics. Nommé à la direction de l’école des Beaux-Arts de Lyon en 1860, il ne cesse jamais de peindre et envoie des œuvres au Salon jusqu’en 1869. À son décès, Corot aide à préparer l’inventaire de l’atelier pour la vente qui aura lieu en mai 1874 à Paris. Si son ami de jeunesse est aujourd’hui considéré comme l’un des peintres majeurs de l’histoire de l’art du paysage, Caruelle est lui, rapidement et injustement, tombé dans l’oubli.

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