Paysage en Angleterre, 1831
Huile sur toile
35 x 70 cm
Signé et daté en bas à gauche J Dupré 1831
Exposition : Galerie René Drouin, Maîtres et Petits maîtres du XIXe siècle, octobre 1942, n° 73 [Étiquette sur le châssis]
En cours d’acquisition par la Fondation Custodia
Surnommé par Camille Corot le « Beethoven du pay- sage », Jules Dupré est initié très tôt à la peinture dans la manufacture de porcelaine de son père, à Nantes. À l’âge de douze ans, il entre en apprentissage à Paris chez un oncle comme peintre sur porcelaine et fait la connaissance de plu- sieurs futurs grands noms de la peinture de son siècle : Auguste-Denis Raffet, Narcisse Díaz de la Peña et Louis Cabat. Sous l’impulsion de ce dernier, il s’intéresse aux paysagistes hollandais du XVIIe siècle et abandonne la peinture décorative pour se consacrer au travail sur le motif. Grand admirateur de Géricault, il se rapproche des romantiques dont il partage les préoccupations et se lie d’amitié avec Théodore Rousseau. En 1831, année où il va exposer pour la première fois au Salon, Dupré rencontre lord Graves, un riche amateur qui l’invite à traverser la Manche pour étudier les maîtres du paysage anglais.
À cette époque, le goût pour la peinture anglaise est déjà présent en France depuis l’exposition des œuvres de John Constable au Salon de 1824. Grâce à l’aide de lord Graves, Jules Dupré peut séjourner plusieurs mois en Grande-Bretagne. Après avoir débarqué à Plymouth, il découvre le Devonshire, puis l’Hampshire et le sud de l’Angleterre. Son protecteur lui ouvre alors les portes de collections privées où sont conservées certaines œuvres de Constable. Si l’influence de ce dernier sur Dupré a probablement précédé de quelques années son voyage, la proximité physique avec la matière de ces œuvres et l’atmosphère des paysages anglais bouleversent la manière de peindre du jeune artiste. Les toiles et les études peintes par Dupré pendant et après son séjour gagnent en ampleur et en ambition. Les formats s’étirent, la ligne d’horizon s’abaisse et les ciels dominent largement ses compositions grisées par le climat britannique. Une toile datée de 1831 reprend l’ensemble de ces caractéristiques. Elle représente un vaste paysage sauvage, capturé depuis les hauteurs d’un promontoire. Le cours argenté d’une rivière ou d’un fleuve traverse les plaines brunes du sud de l’Angleterre. Le ciel s’étend, chargé de nuages blancs, et domine les fines crêtes des collines, teintées de mauve, dans le lointain. Du- pré, comme Constable, ne masque pas la touche du pinceau qui brosse les reliefs en de lourds empâtements.
À son départ depuis Southampton vers la France, l’artiste est chargé de croquis et d’études qui lui serviront de modèle à son retour à Paris. L’une de ses œuvres majeures, Environs de Southampton, exposée au Salon de 1835, fut acquise en 2011 par le musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq de L’Isle- Adam, ville où l’artiste eut un atelier et d’où sa famille était originaire. Cette toile de grand format reprend les mêmes principes de composition que le Paysage en Angleterre de 1831.