Jean-Léon GÉRÔME (1824-1904)

La Sieste de Monsieur Prudhomme ou Portrait d’Henry Monnier (1799-1877), vers 1875
Crayon sur papier
19,4 x 20,4 cm
Titré et signé en bas au centre Portrait d’Henry Monnier / JL. Gérôme
Provenance : André Charles Voillemot (1823-1893) ; par descendance, « Dr. Voillemot »  (selon une étiquette collée au dos)
Bibliographie : Louis-Philippe et Napoléon III, cat. exp., Compiègne, musée national du Château, 12 juillet-20 octobre 1928, n° 131 

Acquisition par la Fondation Custodia

Henry Monnier commence à travailler à dix-sept ans au ministère de la Justice. Le jeune homme qui s’ennuie sort beaucoup, va au théâtre, à l’opéra et fréquente les ateliers des peintres Gros et Girodet. Il croise à cette époque Delacroix et Géricault, futurs chefs de file de la nouvelle génération romantique. En 1821, il abandonne définitivement sa carrière administrative et publie ses premiers portraits d’acteurs. À partir de 1827, il diversifie ses activités artistiques et collabore à différents journaux comme Le Charivari. Devenu une figure du Paris artistique et littéraire, il compte parmi ses amis Alexandre Dumas, Théophile Gautier, Prosper Mérimée et Honoré de Balzac avec qui il partage une passion pour les salons et les cafés dont il a la réputation d’être un « bon client ».

Jean-Léon Gérôme a vingt-cinq ans de moins qu’Henry Monnier. Jeune peintre tout juste revenu d’Italie, il connaît un immense succès avec l’exposition de son tableau Jeunes Grecs faisant battre des coqs au Salon de 1847. Au début des années 1850, son intérêt pour l’Antiquité lui attire rapidement les bonnes grâces de Napoléon III qui lui commande plusieurs œuvres rémunératrices. Peu d’éléments subsistent sur les conditions dans lesquelles Monnier et Gérôme firent connaissance mais selon les frères Goncourt, lorsque le jeune artiste organise un bal masqué dans son atelier au 22 rue de Fleurus en 1852, Monnier est invité et se présente en costume de la Garde nationale. Gérôme, qui de son propre aveu n’aime pas faire de portraits, en réalise pourtant au moins trois de son ami au crayon : un de face à mi-corps conservé au musée des Beaux-Arts de Nancy et un autre, de profil en buste, aujourd’hui dans les collections du Baltimore Museum of Art. Ces deux premiers dessins, dédicacés « à mon ami Monnier », ont pour point commun de présenter une image plutôt austère du modèle. Le troisième portrait, récemment redécouvert, atteste d’une complicité plus grande encore entre les deux artistes. Gérôme, qui profite d’un moment de repos de Monnier, attrape son crayon et capte la posture de son ami abandonné au sommeil. La tête ronde du caricaturiste s’appuie sur sa main qui repousse involontairement ses lorgnons. Cette fois, l’œuvre ne porte pas de dédicace mais un titre : Portrait d’Henry Monnier. 

En 1875, Monnier, qui ne fut jamais économe, vit dans le dénuement. Ses amis organisent alors une vente de leurs œuvres à son profit, dont les bénéfices devront permettre au vieil artiste de finir ses jours dignement. Si pendant la vente aux enchères sont proposées des œuvres de Corot, de Lami ou de Ziem, celle qui rapporte la plus grosse somme loin devant les autres (4 000 francs) est la Tête d’Odalisque offerte par Gérôme.




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