Jean Georges VIBERT, dit Jehan Georges VIBERT (1840-1902)

Homme endormi dans une taverne, vers 1870-1875
Encre et aquarelle sur papier
14 x 18 cm
Signé à droite J.G. Vibert

Acquisition par la Fondation Custodia

Jehan Georges Vibert est le fils de l’éditeur parisien Théodore Vibert et le petit-fils du célèbre graveur Jean-Pierre-Marie Jazet. Il débute sa formation chez son grand-père maternel où il apprend l’art du dessin avant d’intégrer l’atelier du peintre Félix-Joseph Barrias puis celui d’Édouard Picot à l’École des Beaux-arts en 1857. Il y passe six années sans obtenir de prix et commence à exposer au Salon en 1863. Le Narcisse présenté l’année suivante lui permet d’obtenir une première récompense officielle. Un voyage en Espagne lui inspire une série d’œuvres aux sujets anecdotiques. Il s’intéresse également au théâtre et peint plusieurs portraits d’acteurs. À trente ans, sa carrière est interrompue par la guerre de 1870. Engagé dans l’armée pour défendre Paris, Vibert est blessé pendant la bataille de Buzenval et reçoit la Légion d’honneur. Les combats terminés, il retourne travailler dans son atelier et diversifie ses activités artistiques en écrivant plusieurs pièces de théâtre. Depuis la fin des années 1860, ses peintures et ses nombreuses aquarelles reflètent cette double passion. Dans les coulisses ou sur la scène, derrière un rideau ou installé dans un décor de palais, ses personnages en costumes s’animent pour des représentations figées. 

Attablé dans une taverne, un homme en costume du XVIIe siècle vient de s’endormir. Coiffé d’un chapeau à larges bords qui couvre son visage apaisé, le personnage tient encore un verre qu’il n’a pas terminé. Vibert traite son sujet avec un jeu de lavis d’encre sur un papier légèrement gaufré. La figure semble s’évanouir dans un songe, comme lentement noyée dans le noir de son costume. Le personnage, qui n’est pas identifié, peut être rapproché de Polonius, le protagoniste d’Hamlet de Shakespeare, tel que le peintre le représente dans un tableau de 1868, ou de l’un des cadets de Gascogne accompagnant le célèbre Cyrano de Bergerac dans une autre de ses peintures. De nombreux acteurs de théâtre posent pour le peintre et l’un d’eux, peut-être le célèbre Coquelin dans sa jeunesse, aura pu servir de modèle pour cette figure endormie. 

À la fin de sa vie, l’artiste publie un ouvrage intitulé La Comédie en peinture. Ce livre, qui comporte de très nombreuses illustrations d’après ses peintures et ses dessins, fait office de catalogue raisonné de son œuvre et comporte une autobiographie. En plus des scènes inspirées par le théâtre ou l’Espagne, on peut y retrouver quantité de mises en scène montrant, sur un ton volontiers ironique, des cardinaux et des ecclésiastiques dans des situations souvent ridicules. Associé à une technique presque photographique, ce thème, qui est très à la mode à la fin du XIXe siècle, assura à Vibert une célébrité difficilement compréhensible aujourd’hui.


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