Auguste COUDER (1789-1873)

Le Repas chez Simon, vers 1842
Aquarelle
45 x 105 cm
Signé en bas à droite Augte Couder
Provenance : ancienne collection de Louis-Philippe
Ramassé par Charles Debourges en 1848, puis offert au docteur Janin le 10 mai 1849.

Vendu

 

La construction de l’église de la Madeleine s’est étalée sur près d’un siècle. Entre les premiers projets commandés par Louis XV en 1757 et son inauguration en 1845 sous Louis-Philippe, l’édifice changea à plusieurs reprises de destination : église, temple à la gloire des armées de Napoléon, chapelle expiatoire puis gare ferroviaire, avant de revenir à sa fonction d’origine. Au début des années 1830, l’ensemble d’un cycle de peintures devant illustrer la vie de Marie-Madeleine est con é à Paul Delaroche qui finalement abandonne l’entreprise en 1835 au pro t non pas d’un seul mais de plu- sieurs peintres. À Jules Ziegler échoit la réalisation du décor de l’abside alors qu’Abel de Pujol, Émile Signol, Léon Cogniet, Jean-Victor Schnetz, François Bouchot et enfin Auguste Couder reçoivent chacun la commande d’une peinture pour l’une des six lunettes latérales. Celles-ci doivent retracer la vie de la sainte avant et après la mort du Christ.

Dès 1836, Auguste Couder travaille sur le thème du Repas chez Simon : au cours d’un festin chez Simon le Pharisien, Marie-Madeleine déverse en pleurant le contenu d’un flacon d’albâtre sur les pieds du Christ qu’elle essuie avec ses cheveux. Le peintre consacrera six années à cette composition pour laquelle nous connaissons un grand nombre d’études préparatoires. Si Couder respecte l’iconographie traditionnelle de son sujet, il limite cependant le nombre de figures et intègre un portrait de Théophile Gautier à droite, parmi les invités. Une fois la composition définitivement établie, il réalise une grande aquarelle de présentation, reflet fidèle de ce que sera l’œuvre une fois achevée. Celle-ci, soumise à l’approbation du roi, lui est offerte par l’artiste. Louis-Philippe la fera accrocher dans son château de Neuilly, témoignant ainsi toute sa reconnaissance à l’auteur. La peinture murale sera terminée en 1842 et inaugurée en 1845.

Trois ans plus tard, une nouvelle révolution éclate et Louis-Philippe doit abdiquer le 24 février 1848. Le lendemain, son château de Neuilly est pillé puis incendié. L’aquarelle de Couder, jetée au sol, est piétinée par les assaillants. Émus de voir l’œuvre ainsi saccagée, des « amis des arts » en ramassent les morceaux, les rassemblent sur une feuille et la sauvent de la destruction. Ainsi préservée jusqu’à aujourd’hui, cette grande aquarelle vient d’être restaurée sans chercher à masquer les outrages de l’histoire. Elle permet de redécouvrir l’une des compositions les plus importantes de Couder, dont la version définitive est presque illisible. Comme l’ensemble des décors peints de l’église de la Madeleine, Le Repas chez Simon subit l’absence totale de luminosité due à la conception même de l’édifice.

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