Pierre-Henri de VALENCIENNES (1750-1819)

Paysage au jeune berger, vers 1795-1800
Huile sur papier marouflé sur toile
28,6 x 44,3 cm
Provenance : Achille Valenciennes, neveu de l’artiste ; succession Jules Boilly, Paris, hôtel Drouot, 14-16 décembre 1874, n°207
Porte une étiquette sur le châssis Offert par le neveu de l’auteur, à J. Boilly comme une marque de reconnaissance/et d’amitié/le 4 août 182[?]./A V.

Vendu

De lourds nuages s’approchent et menacent le sommet d’une massive montagne. Ils projettent lentement leur ombre sur une plaine ponctuée par quelques maisons et fermes fortifiées. Au premier plan sur la gauche, un jeune berger, entouré de ses moutons, lève la tête vers le ciel.

Pierre-Henri de Valenciennes s’initie à la peinture en autodidacte avant d’intégrer l’Académie royale des Beaux-Arts de Toulouse à l’âge de vingt ans. Selon certains de ses biographes, il fit un premier mais très bref séjour en Italie l’année précédente. Après deux années de formation, il peut se rendre à Paris et entrer dans l’atelier de Gabriel-François Doyen. Peintre d’histoire, ce maître ne détourne pas Valenciennes de son goût pour le paysage. En 1777, le jeune artiste gagne Rome où il réside et travaille jusqu’en 1785, date de son retour à Paris. De son séjour, il rapporte une multitude de dessins ainsi qu’un grand nombre d’études à l’huile réalisées en plein air. Reçu à l’Académie royale de peinture et de sculpture, Valenciennes ouvre un atelier où il forme une nouvelle génération de peintres paysagistes tels que Jean Victor Bertin, Louis-Étienne Watelet, Louis François Lejeune ou Pierre Prévost. Parallèlement, il donne des cours de perspective à l’École polytechnique nouvellement créée et fait paraître entre 1799 et 1800 les principes de son enseignement dans un ouvrage intitulé Éléments de perspective pratique à l’usage des artistes, suivis de réflexions et conseils à un élève sur la peinture et particulièrement sur le genre du Paysage. Son influence sur la peinture de paysage au XIXe siècle est prépondérante. Romantiques et classiques suivront les deux voies tracées par le peintre : les premiers dans une approche directe et sensible du paysage sur le motif, à l’image de Camille Corot et Théodore Rousseau, les seconds vers une vision idéalisée et souvent recomposée de la nature en atelier, tels Caruelle d’Aligny et Paul Flandrin.  

Le Paysage au jeune berger illustre parfaitement la méthode de Valenciennes et plus particulièrement ce qu’il appelle le « re-souvenir ». Composition imaginaire réalisée dans son atelier parisien, ce paysage à l’apparente spontanéité s’inspire des études rapportées d’Italie quelques années plus tôt et connues aujourd’hui grâce à la donation de la princesse Louis de Croÿ au Louvre en 1930. Comme l’indique une mention manuscrite sur le châssis, l’œuvre fut offerte par Achille Valenciennes (1794-1865), neveu de l’auteur, au peintre Jules Boilly (1796-1874) en souvenir de son oncle décédé en 1819. Elle change de propriétaire en décembre 1874 à l’hôtel Drouot lors de la dispersion de la succession Boilly. Après examen de l’œuvre, Luigi Gallo, spécialiste de l’artiste, a proposé une datation autour de 1800. 

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