Antoine-Alphonse MONTFORT (1802-1884)

Arabe endormi, 1834
Pierre noire sur papier
31 x 56 cm
Signé et daté en bas à droite Montfort 1834
Annoté Étude pour le tableau d’arabes endormis

Vendu

Antoine-Alphonse Montfort est conforté dans ses choix d’études artistiques par son père, un ancien officier d’artillerie et collectionneur érudit. L’adolescent, qui dessine depuis son plus jeune âge, est présenté au peintre Horace Vernet à l’âge de quatorze ans. Peu de temps après, il rencontre Théodore Géricault avec lequel il se lie d’une tendre amitié. En 1820, lorsque Vernet peint l’intérieur de son atelier entouré de ses élèves, il intègre un portrait de Montfort alors âgé de dix-huit ans. Facilement reconnaissable à ses cheveux roux, le jeune artiste est représenté sur la droite, torse nu, les mains gantées, prêt pour une partie de boxe avec son ami le peintre Pierre-François Lehoux. Entre 1820 et 1826, Mont- fort travaille aux côtés du baron Gros avant d’embarquer en 1827 comme professeur de dessin sur la frégate La Victorieuse. Durant deux ans, le peintre traverse la Méditerranée, visite la Corse, Malte, la Grèce, la Turquie, longe les côtes syriennes et découvre l’Égypte. En Orient, il s’initie aux langues arabes et réalise de nombreux croquis qui noircissent ses carnets de voyage.

Lorsqu’en 1834 il travaille sur la composition d’un tableau pour sa première participation au Salon l’année suivante, il peut puiser dans l’importante documentation rapportée de son séjour en Orient. Intitulée Un Arabe réveille ses compagnons, en montrant à l’un d’eux le lever du soleil, l’œuvre de format presque carré mesure 114 x 100 cm. Au milieu d’un campement, plusieurs hommes en costumes orientaux se sont endormis devant leurs tentes. L’un d’entre eux, déjà debout, désigne le soleil au-delà des montagnes alors que ses compagnons se réveillent lentement. Au premier plan, allongé sur une pierre, un homme nous tourne le dos et semble dormir encore. Ce personnage se retrouve sur une étude très aboutie à la pierre noire et à la craie blanche. Dans ce dessin, Montfort a porté un soin très particulier à l’étude des drapés. L’homme plongé dans un profond sommeil occupe toute la diagonale de la page. Seuls ses bras s’échappent de l’amoncellement de tissus qui compose son costume. Ombres et lumières sont traitées avec virtuosité et légèreté. La feuille, signée et datée de 1834, porte une mention de la main de l’artiste : étude pour le tableau d’arabes endormis. La qualité de cette œuvre évoque les plus belles études de Girodet pour La Révolte du Caire dont Montfort conservait plusieurs exemples dans sa collection.

Trois ans plus tard, Montfort reprend la mer en compagnie de son ancien camarade d’atelier Lehoux. Ensemble ils visitent Beyrouth, Damas, parcourent le Liban et la Palestine puis passent un hiver entier à Jérusalem. Tout au long de sa carrière, le peintre reste fidèle à son amour de l’Orient et témoigne avec sincérité des paysages et des hommes qu’il a pu rencontrer. À partir de 1844, Montfort partage sa vie entre la peinture et l’enseignement, jusqu’à sa mort en 1884.

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