Eugène LAMBERT (1825-1900)

Vendu

Un Lauréat de Poissy, vers 1860
Encre, aquarelle et gouache sur papier
15,5 x 25,5 cm
Signé en bas à droite Eug. Lambert
Annoté sur le montage Un Lauréat de Poissy
Provenance : ancienne collection Doré-Graslin

Vendu

Ancien élève d’Eugène Delacroix et de Paul Delaroche, Eugène Lambert se spécialise rapidement dans le genre de la peinture animalière. En 1844 il s’installe dans la propriété de George Sand à Nohant. Venu au départ pour le temps d’un court séjour rejoindre son ami Maurice Sand, il participe finalement pendant douze années à la création du petit théâtre de Nohant. En 1857, dès son retour à Paris, le succès obtenu au Salon par son tableau Chat et perroquet décide de sa carrière. Il prend alors le surnom de « Raphaël des chats » et gagne une réputation mondiale en tant que peintre de félins. Il ne cesse pas pour autant d’aborder par ses crayons et ses pinceaux la représentation du reste du règne animal. La bête tient sagement la pose de profil et occupe l’ensemble de l’espace de la page. Brossée et peignée, elle arbore autour du cou et à la base de sa queue des guirlandes de fleurs en guise d’ornement et de récompense. Son teint rosé est relevé de reflets d’argent de son crin lustré. Les pis de ses mamelles projettent une ombre et effleurent le sol de paille jonché de quelques pétales de roses. De 1844 à 1867, le concours d’animaux de boucherie se tient principalement à Poissy avant d’être transféré et rattaché au Concours national agricole organisé à la Villette. Si le peintre titre son portrait Un Lauréat de Poissy, son modèle, une truie, est donc une lauréate. L’image au réalisme saisissant renvoie à tout ce que la représentation de cet animal peut suggérer. Le porc, le cochon ou la truie pullulent dans les expressions populaires. Rarement associés à des traits de caractère positifs, ils sont les protagonistes récurrents de la caricature tant sociale que politique au XIXe siècle.

Thomas Couture, dans un dessin de 1865 titré Le Réaliste, montre un jeune artiste, feuille et crayon à la main, dans un atelier de fortune installé sous les toits. Le dessinateur regarde dans le blanc des yeux la tête d’un porc décapité, sujet de son étude et de l’œuvre à venir. L’auteur a pris le soin d’asseoir son modèle sur la tête d’une sculpture académique. Dessin à charge contre le mouvement réaliste dont Gustave Courbet est le chef de file proclamé, l’œuvre de Thomas Couture associe la tête de cochon à la trivialité des sujets de cette école de peinture sociale. Si telles n’étaient pas les intentions d’Eugène Lambert dans son aquarelle, il ne pouvait non plus en ignorer l’étendue possible des interprétations.