Portrait présumé du frère de l’artiste, 1859
Pierre noire sur papier
22,5 x 18 cm
Daté et signé bas droite Le 23 juin 1859 – H. Regnault
Exposition :
Henri Regnault, musée municipal de Saint-Cloud, octobre 1991-Janvier 1992, n°8
Vendu
Second d’une famille de quatre enfants, Henri est le fils du physicien Victor Regnault. À neuf ans, il accompagne régulièrement son père qui vient d’être nommé directeur de la manufacture de Sèvres puis débute ses études au Collège de France. Élève brillant, il évolue dans un entourage profondément marqué par l’art et la culture. Sa mère est une cousine du peintre Eugène Amaury-Duval et son père est un ami du paysagiste Constant Troyon. En 1856, le jeune Henri est victime d’un grave accident qui l’immobilise plusieurs mois durant. Pour s’occuper, il dessine et s’essaie à la sculpture. Ce passe-temps devient rapidement une passion dévorante. Remis de ses blessures, il termine ses études de lettres au lycée Napoléon, dont il sort bachelier en 1859. Le 23 juin de cette année, alors qu’il n’a pas encore seize ans, l’artiste trace de la pointe de son crayon le profil d’un jeune garçon. Le modèle au visage fin, représenté de profil, ne doit avoir qu’une douzaine d’années. Il s’agit probablement du jeune frère d’Henri. Le caractère encore appliqué du tracé du visage contraste avec la vigueur de traitement employée pour restituer la chevelure et le vêtement du modèle. Cette fougue graphique, déjà perceptible, sera la marque de Regnault une fois devenu peintre confirmé. En 1860, Henri entre à l’École des Beaux-Arts dans l’atelier de Louis Lamothe un ancien élève d’Ingres et de Flandrin. À partir de ce jour, son parcours est un enchaînement de succès jusqu’à l’obtention du grand prix de peinture en 1866. Engagé volontaire dans l’armée au déclenchement de la guerre de 1870, sa mort glorieuse au champ d’honneur à vingt-sept ans fit de lui une légende. Mourir très jeune est souvent pour un peintre du XIXe siècle l’assurance de l’oubli. Tel ne fut pas le cas du peintre Henri Regnault, pour lequel l’École des Beaux-Arts fit ériger en ses murs un monument qui aujourd’hui encore perpétue le souvenir de celui qui apparaissait comme le meilleur espoir de la peinture de son temps.