Pierre DUVAL LE CAMUS (1790-1854)
Le Petit Balayeur, vers 1835
Huile sur toile
37 × 28 cm
Signé en bas à droite Duval LC
Marque de toile Alphonse Giroux
Vendu
D’abord destiné au commerce par son père, Pierre Duval choisit d’emprunter la voie des arts et entre successivement dans les ateliers de Claude Gautherot puis de Jacques Louis David vers 1806-1808. Le jeune artiste, qui ne semble pas pressé de faire carrière, se marie en 1813 puis débute au Salon de 1817 sous le nom de Duval Le Camus, ajoutant le patronyme de son épouse au sien. Dans ses premières peintures, on perçoit déjà l’influence de Martin Drölling et de Louis Léopold Boilly, maîtres de la peinture de genre intimiste. Excellent praticien, Duval Le Camus privilégie les toiles de petits formats traitées avec une grande minutie et un sens appuyé du détail. Ce goût inspiré par l’art hollandais du xviie siècle est soutenu en France par la duchesse de Berry.
Tout au long de sa vie, Pierre Duval Le Camus alterne entre deux spécialités : celle du portrait, le plus souvent en pied sur de petits formats et celle de la peinture de genre, illustrant des sujets populaires. Au sein de cette seconde catégorie se détache un attrait particulier pour la représentation des enfants des rues de Paris, mendiants, ramoneurs et balayeurs, le plus souvent arrachés à leur Savoie natale. Son Petit Balayeur exposé au Salon de 1824 en est un parfait exemple et sera largement diffusé par la lithographie. Dix ans plus tard, le peintre reprend ce propos dans une toile un peu plus grande, mais qu’il n’expose pas au Salon. Cette fois, le jeune balayeur se tient droit face à nous, le sourire aux lèvres. Sa main gauche tient le balai avec lequel il vient de déblayer la neige alors que la droite, ouverte dans notre direction, sollicite une rétribution méritée. L’enfant coiffé d’un bonnet rouge se détache au centre de l’œuvre sur un décor fourmillant de détails. Directement derrière lui, sur le mur, quatre affiches sont collées. L’artiste, malgré le format réduit de l’ensemble, a pris soin d’en rendre les textes de ces « placards » clairement lisibles : l’affiche orange, placée en haut à droite, évoque un ouvrage sur les « Victoires et conquêtes de Napoléon ». Juste en dessous, la blanche annonce une loterie au profit des indigents et porte les noms de dames illustres associés à ceux de différents artistes, amis du peintre. L’affiche verte promet une récompense de 500 francs pour un chien perdu et la bleue annonce une campagne de vaccination gratuite organisée par la mairie du 4e arrondissement de Paris. Cette dernière porte le nom d’Athanase Legros, maire entre 1834 et 1839. Le peintre installé dos au Louvre a complété son décor en représentant, sur la droite, l’Institut de France, siège des académies.
À la fin de sa vie, Pierre Duval Le Camus s’installe à Saint-Cloud, ville dont il sera élu maire un an avant sa mort en 1854. Son fils, Jules Alexandre (1814-1878) suivra ses traces en faisant lui aussi une belle carrière de peintre. Le musée des Avelines a consacré en 2010 une exposition aux Duval Le Camus père et fils.