Attribué à Éloi Firmin FÉRON (1802-1876)
Un berger endormi à Subiaco, 1828
Huile sur papier marouflé sur carton
21,5 × 28,5 cm
Localisé et daté en bas à droite Subiaco/juin 1828
Vendu
L’intérêt des collectionneurs, des musées et des historiens de l’art pour les paysages à l’huile sur papier est relativement récent. Très longtemps, ces œuvres exécutées par les peintres lors de leurs voyages restaient remisées dans des cartons au fond des ateliers puis dans les caves et greniers des descendants de ces artistes. Fragiles, de petits formats et rarement signées, ses études apparaissaient comme de simples exercices réduits au rang de témoignages au même titre que les dessins préparatoires ou la correspondance. Depuis les années 1980, grâce à l’impulsion donnée par certains conservateurs, collectionneurs et marchands, ces prises de vues délicates ont su séduire le public par leur charme et leur spontanéité. Quelques noms d’artistes, pour certains jusque-là oubliés, ont été rapidement associés à cette pratique : Pierre Henri de Valenciennes, Jean Joseph Xavier Bidauld et Achille Etna Michallon pour les plus récurrents. Corot, dont la célébrité constante n’a pas attendu ce regain d’intérêt, voit ses œuvres peintes sur le motif en Italie déchaîner les passions aux dépens de celles réalisées durant sa période de maturité. Toutes les études de plein air ont longtemps été données à ces quelques noms et à ceux d’artistes étrangers anglais, allemands et scandinaves. Quelques autres paysagistes du début du xixe siècle ont peu à peu rejoint ce corpus, tels Léon Fleury, André Giroux, Jules Coignet ou Théodore Caruelle d’Aligny. Au gré de la réapparition sur le marché de certains fonds d’atelier, les amateurs ont découvert que les peintres d’histoire, les graveurs, les sculpteurs pratiquaient eux aussi le paysage sur le motif durant leurs voyages d’étude en Italie. À ce titre on peut citer les nombreuses et séduisantes études d’Auguste Vinchon et de Léon Cogniet qui, bien que peintres d’histoire en résidence à la Villa Médicis, se sont adonnés avec talent à l’art du pleinairisme.
Une très belle étude sur papier, non signée mais localisée à « Subiaco » et datée précisément de « juin 1828 », nous montre un jeune berger endormi au bord d’un chemin. Si son style synthétique, spontané et brillant n’évoque aucun des artistes francophones connus et présents à ce moment-là à Subiaco, elle est en revanche très comparable à une autre huile sur papier réalisée à Saint-Tropez l’année suivante par Éloi Firmin Féron. Lauréat du grand prix de Rome en 1826, ce peintre séjourne en Italie comme pensionnaire de l’Académie les années suivantes. Présent à Rome et dans ses alentours en 1828, il peut se rendre facilement à Subiaco et avoir rencontré Corot dont l’influence est ici perceptible. À son retour en France, Féron connaît une carrière officielle durant la monarchie de Juillet en contribuant aux décors du château de Versailles, en participant régulièrement aux salons officiels et en voyageant en Algérie. Son talent de paysagiste se retrouve dans ses vues d’Afrique du Nord et dans certaines de ses toiles de genre à l’image de celle intitulée Louis-Philippe et sa famille visitant les ruines du château de Pierrefonds en 1833.