François Joseph NAVEZ (1787-1869)
Étude présumée pour un Oliver Cromwell, vers 1835
Huile sur toile
38 × 30 cm
Provenance : descendants de l’artiste ; collection privée, Belgique
François Joseph Navez grandit à Charleroi dans un contexte privilégié. Sa formation artistique, soutenue par sa famille, débute en 1803 auprès de Célestin François à l’Académie des beaux-arts de Bruxelles. Plusieurs fois récompensé durant son parcours académique, le jeune homme reçoit le grand prix de peinture en 1812 associé à une bourse d’étude qui lui permet de se rendre à Paris l’année suivante afin d’intégrer le célèbre atelier de Jacques Louis David. À la chute de l’Empire, celui-ci, considéré comme « régicide » est contraint à l’exil et s’installe à Bruxelles. Navez l’accompagne puis prend la route pour l’Italie où il arrive en 1817. Là, il fait la connaissance de Jean Auguste Dominique Ingres et retrouve plusieurs de ses condisciples parisiens. Pendant les quatre années passées à Rome au contact des œuvres de maîtres anciens, le peintre affirme son style tout en faisant la preuve de son talent de portraitiste, mais aussi comme peintre de genre et de sujets religieux. Ses portraits de groupe souvent de grandes dimensions témoignent du souvenir des œuvres flamandes et hollandaises inlassablement copiées à Bruxelles et à Paris.
De retour chez lui en 1821, il rejoint David auquel il offre un soutien et une affection sans faille durant les dernières années de sa vie. Installé rue Royale, Navez ouvre son propre atelier où il reçoit de nombreux élèves et accepte plusieurs charges officielles, dont la direction de l’Académie royale des beaux-arts à partir de 1831 puis la vice-présidence de la Commission royale des monuments en 1835. De cette époque date une étude de tête d’homme récemment redécouverte et qui ne semble pas avoir servi à quelque composition. Peinte sur un morceau de toile libre, elle représente un homme habillé à la mode du xviie siècle, le visage légèrement baissé. Le modèle, qui tient ses mains serrées sous son visage, regarde vers la droite, sombre et inquiet. Un dessin à la sanguine, longtemps conservé par les descendants du peintre et connu aujourd’hui par une photographie, prépare à cette étude avec quelques infimes variations et un cadrage élargi.
Si aucune mention ne précise les intentions de Navez ou l’identité du personnage, quelques éléments de la composition semblent néanmoins renvoyer aux codes traditionnellement utilisés pour représenter Oliver Cromwell (1599-1658). Ce militaire et homme politique anglais, célèbre pour avoir dirigé le gouvernement républicain après l’exécution du roi Charles Ier d’Angleterre, devient au xixe siècle une figure récurrente de l’art romantique naissant. Héros littéraire ou théâtral pour Walter Scott, Balzac, Hugo et Dumas, il apparaît également comme le protagoniste de peintures et de dessins chez Delacroix, Delaroche, David Wilkie ou Devéria. Quoique les archives et les différentes biographies de Navez ne mentionnent ni œuvre ni projet intégrant ce personnage, l’artiste aura pu envisager un temps d’en faire le sujet d’une composition, à laquelle il aura finalement renoncé.