Cour intérieure de l’Alcazar de Séville, vers 1805
Aquarelle et encre sur papier
32 × 42,7 cm
Annoté sur la face en bas à gauche 298 et au dos Vauzelle (1776-1837)[sic]/Seville. Yard of the alcazar
Œuvre en rapport : gravure par [Louis Alexandre] Debuigne publiée dans l’ouvrage d’Alexandre de Laborde Voyage pittoresque et historique de l’Espagne, tome II, Paris, P. Didot l’Aîné, 1812, planche LXXX
Vendu
Fils d’un plâtrier, Jean Lubin Vauzelle est né en 1776 à Angerville, près d’Étampes. Proche, depuis sa jeunesse, d’Alexandre Lenoir, historien et créateur du musée des Monuments français, Vauzelle dépeint dans ses œuvres les différents espaces de ce lieu voué à la préservation du patrimoine. Lorsqu’il débute au Salon de 1799, il se présente comme élève de Jean Charles Nicaise Perrin même s’il revendiquera plus tard son passage dans l’atelier d’Hubert Robert. Dès ses premières participations au Salon, ses toiles et aquarelles montrent un goût presque exclusif pour l’architecture et en particulier pour celle de style gothique et Renaissance. Peut-être est-ce à l’occasion de ses premières expositions ou par l’intermédiaire de son ami Lenoir que Vauzelle rencontre Alexandre de Laborde (1773-1842). Ce dernier, de retour d’exil en 1797, est employé au ministère des Relations extérieures auprès de Talleyrand. Protégé de Lucien Bonaparte, il quitte la France pour l’Espagne où il accompagne le frère de Napoléon en mission diplomatique. Voyageur infatigable féru d’art et d’archéologie, Laborde se passionne pour ce pays, ses paysages et son architecture au point de lui consacrer tout un ouvrage in-folio.
Tombé temporairement en disgrâce du fait de sa proximité avec Lucien Bonaparte, Laborde retourne en Espagne entre 1796 et 1806. Accompagné d’une équipe de vingt et un artistes parmi lesquels Constant Bourgeois de Castelet, François Ligier, Jacques Moulinier et Jean Lubin Vauzelle ; l’auteur fait tracer les vues des différents sites devant illustrer son ouvrage. À Séville, Vauzelle visite le palais de l’Alcazar et s’arrête avec son matériel dans la cour des Demoiselles. Le nom de ce patio vient d’une légende selon laquelle les Maures réclamaient cent jeunes filles vierges par an aux royaumes chrétiens présents dans la Péninsule. Mesurant 21 mètres sur 15 mètres, cette cour rectangulaire est entourée de quatre galeries comportant sept arcs dans la longueur et cinq dans la largeur, sur chaque côté l’arc central étant rehaussé. Ses grandes ouvertures polylobées s’appuient sur des colonnes doubles qui supportent l’étage tout en allégeant l’impression d’ensemble. La cour, pavée d’un dallage de marbre, est ornée en son centre d’une fontaine d’albâtre d’où s’élève un jet d’eau claire. La vue des lieux, tracée à l’encre et délicatement aquarellée par Vauzelle, s’anime de trois personnages en costumes espagnols.
La publication de l’ouvrage sous le titre de Voyage pittoresque et historique de l’Espagne, chez Didot l’Aîné, débute en 1806 et comprendra quatre volumes à son achèvement en 1820. La Cour intérieure de l’Alcazar de Séville, gravée parLouis Alexandre Debuigne d’après Vauzelle, est publiée dans le tome II en 1812. Aujourd’hui le dallage de marbre et la fontaine qui dataient de la fin du xvie siècle ont disparu pour laisser place à un jardin avec un vaste bassin en son centre, restituant la cour telle qu’elle était sous le règne de Pierre Ier de Castille.