Jean Lubin VAUZELLE (1776-1839)

Vue de la tribune arabe dans la mosquée de Cordoue, vers 1805
Aquarelle et encre sur papier
30,8 × 28,5 cm
Œuvre en rapport : gravure par [Abraham Jacobs] Hulk publiée dans l’ouvrage d’Alexandre de Laborde Voyage pittoresque et historique de l’Espagne, tome II, Paris, P. Didot l’Aîné, 1812, planche XV

Vendu

« À gauche, en entrant dans la nef principale, est un petit édifice de la forme d’un carré oblong, vis-à-vis du trône des rois, et non loin de la chapelle du Coran ; c’est là que se plaçoit le mufti pour annoncer la prière au peuple. Cette tribune étoit ouverte des quatre côtés, et le mufti répétoit les mêmes paroles aux assistants. Il est difficile de voir un petit monument plus agréable par sa composition et par ses détails ; il n’a pas été défiguré par les constructions modernes, et toute l’élégance arabe s’y manifeste encore. »

Ces quelques lignes, écrites par Alexandre de Laborde et publiées en 1812, sont illustrées dans le tome II de son Voyage pittoresque et historique de l’Espagne par une gravure titrée « Vue de la tribune arabe dans la mosquée de Cordoue ». L’ouvrage, édité en quatre tomes entre 1806 et 1820, est orné de plus de neuf cents gravures. Parmi la vingtaine d’artistes ayant accompagné Laborde durant son séjour en Espagne, Jean Lubin Vauzelle est chargé de représenter lors de son passage à Cordoue plusieurs vues de la célèbre mosquée. 

Monument majeur de la cité andalouse, la mosquée témoigne de la présence musulmane en Espagne du viiie au xiiie siècle. Construit sur le site d’une ancienne basilique datant de l’occupation de la Péninsule par les Wisigoths, l’édifice a connu de nombreuses modifications depuis sa conversion en cathédrale en 1236, mais reste cependant l’un des plus beaux exemples de l’art des Omeyyades. Le motif choisi par Vauzelle est centré sur un arc polylobé, ouvrant sur un espace au riche décor, surmontant un passage à trois arcs lancéolés séparés par deux colonnes. Sur l’aquarelle, l’artiste représente un prêtre de dos qui, une croix à la main, emprunte cet accès pour descendre. À droite, un homme vêtu d’un costume violet et couvert d’une cape tend une pièce à un jeune garçon qui mendie. 

De retour de son séjour espagnol, Vauzelle présente à partir du Salon de 1808 des dessins et des aquarelles inspirés par son voyage. En 1810, année où il expose plusieurs vues de l’Alhambra de Grenade, l’artiste est récompensé d’une médaille d’or. Dès lors, les sujets de ses œuvres alternent entre souvenirs d’Espagne et reconstitutions historiques inspirées par l’architecture médiévale. Figure majeure du style troubadour en France aux côtés des peintres Charles Marie Bouton, Fleury Richard et Pierre Révoil, Vauzelle développe un style qui se rapproche de l’enluminure. Le baron Taylor et Charles Nodier, qui ont pu admirer sa contribution aux ouvrages de Laborde, font appel à lui durant les années 1820 pour participer à l’illustration des Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France.

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