Charles Théodule DEVÉRIA (1831-1871)

Autoportrait en costume égyptien, vers 1865 
Aquarelle, encre et crayon noir sur papier
31,5 × 20 cm

En cours d’acquisition par le musée du Louvre, Paris

Théodule Devéria grandit dans une famille riche de nombres personnalités artistiques : Achille, son père, et Eugène, son oncle, sont deux grands artistes peintres et dessinateurs romantiques de la première moitié du siècle ; sa mère, Céleste, fille du célèbre lithographe et éditeur parisien Charles Motte, fut le modèle de toute une génération d’artistes avant de reprendre la direction de l’imprimerie familiale. Dans la maison-atelier de ses parents, Théodule croise Delacroix, Dumas, Hugo et de nombreux érudits. En grandissant, il choisit la voie de l’égyptologie et devient conservateur au Louvre où il collabore avec Auguste Mariette, le célèbre archéologue. 

Comme son mentor Auguste Mariette, Théodule Devéria aime s’habiller à la mode orientale pendant qu’il est en Égypte. Un cliché, probablement réalisé durant son troisième et dernier voyage sur les bords du Nil en 1865, le montre posant devant l’objectif en costume traditionnel égyptien. Il se tient debout, s’appuyant d’une main sur sa canne et de l’autre à une table recouverte d’une épaisse tenture. Il porte une veste ouverte qui couvre un pantalon ample serré à la taille par une large ceinture d’où dépasse le manche d’un poignard. Une aquarelle anciennement attribuée à Eugène Devéria, mais qui doit être rendue à Théodule, s’inspire assez directement de cette image. On y voit le jeune archéologue aux traits reconnaissables dans une posture presque identique, mais cadré au-dessus des genoux. Les accessoires ainsi que la tenue sont les mêmes à la différence d’un détail, la coiffe : un kufi sur la photographie, un turban sur l’aquarelle. Techniquement, l’œuvre peut être rapprochée des différents portraits peints à l’aquarelle par Théodule Devéria durant ses voyages. On peut citer, par exemple, celui de Selim Effendi, ancien esclave du moudir d’Esneh conservé au Louvre, sur lequel on retrouve un trait spécifique et le même principe d’ombrage dans la partie inférieure de la feuille. 

La photographie, rapportée en France parmi de nombreuses autres plus scientifiques, fut probablement offerte par le modèle à son jeune frère Gabriel, de treize ans son cadet. Théodule, qui avait repris son poste de conservateur au Louvre, décède prématurément six ans plus tard à l’âge de quarante ans. Plusieurs mentions et un cachet au dos de la photographie nous apprennent que le cliché fut donné par Gabriel à la Société de géographie de Paris  en  1886.

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