Jean Pierre MOYNET (1819-1876)

Le Porche du temple d’Isis, projet de décor pour l’acte III de Moïse de Rossini à l’opéra le Peletier, vers 1863
Aquarelle, encre et mine graphite sur papier cintré
46,5 × 60 cm
Cartel sur le montage d’origine Moynet

En cours d’acquisition par le musée de l’Opéra de Paris

Le 28 décembre 1863, alors que le chantier du nouvel Opéra de Paris dirigé par Charles Garnier a déjà commencé, l’opéra Le Peletier – ouvert depuis 1821 – programme une reprise du Moïse et Pharaon de Gioachino Rossini. Version française remaniée de l’opéra italien Mosè in Egitto créé au Teatro San Carlo de Naples en 1818, l’œuvre en 4 actes avait été jouée pour la première fois à Paris le 26 mars 1827. Le propos, illustrant l’histoire biblique de la captivité des Hébreux en Égypte puis de la traversée de la mer Rouge, se développait à cette époque dans des décors spectaculaires réalisés par Charles Ciceri et ses équipes. Pour la reprise de 1863, Hugues Martin, Charles Cambon, Joseph Thierry et Édouard Desplechin se voient confier la réalisation des décors. Comme en atteste une maquette conservée à la bibliothèque-musée de l’Opéra, Desplechin conçoit le décor de l’acte III représentant le porche du temple d’Isis. Chaque décorateur était forcément entouré par une équipe chargée de le seconder, mais les noms de ces assistants ne sont à peu près jamais mentionnés. 

La découverte d’une grande aquarelle inédite permet d’associer le nom de Jean Pierre Moynet à ce projet. Né à Paris en 1819, cet ancien élève de Léon Cogniet est tout à la fois peintre, illustrateur, lithographe et décorateur. En 1858, Moynet accompagne Alexandre Dumas pour illustrer son voyage en Russie et dans le Caucase. Ensemble ils visitent Saint-Pétersbourg, Moscou, et traversent les steppes. L’artiste réalise alors de nombreuses aquarelles, témoignages précieux de régions et de cultures encore méconnues à son époque. Plus tôt, en mars de la même année, il collabore avec l’écrivain aux décors de sa pièce Les Gardes forestiers. Puis, en 1862 avec Félicien David, Hippolyte Lucas et Michel Carré père pour ceux de l’opéra-comique Lalla-Roukh

L’année suivante Moynet rejoint l’équipe des décorateurs du nouveau Moïse. Sa proposition pour l’acte III s’inspire directement du décor du porche d’Isis conçu par Auguste Caron sous la direction de Ciceri en 1827. Il en reprend la série de colonnes polychromes soutenant un vaste plafond et laissant apparaître, en fond de scène, un temple à ciel ouvert. Les contours sont bordés par un immense rideau bleu replié qui évoque là encore la composition par Caron. Au centre de la scène, Moynet intègre plusieurs figures d’acteurs en costume qui donnent, par l’échelle, une idée de la grandeur et de la hauteur du décor. Grâce à la maquette définitive de Desplechin, nous savons que les cinq colonnes monumentales seront absentes le jour de la première. Le reste des éléments imaginés par Moynet sont, pour une grande partie, conservés : obélisque et arc de triomphe sur la gauche, longue tenture brodée qui parcourt le ciel et chapiteaux papyriformes du temple en arrière-plan. Le format cintré en partie supérieure de la composition reprend un principe identique à celui de l’un de ses projets pour les décors de l’acte II de Lalla-Roukh.

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