Anne Louis GIRODET de ROUCY-TRIOSON (1767-1824)

Deux études de tête d’homme, avant 1790
Sanguine sur papier
26,9 × 34,8 cm
Provenance : ancienne collection Becquerel 
Œuvre en rapport : gravure de Noël Bertrand dans Cahier de principes. Imitation libre de l’antique et d’après nature, [1826], 4e cahier, planche no 4, Paris, BnF, département des Estampes et de la Photographie, Kc 23 fol.

Né en 1767 à Montargis, Anne Louis Girodet grandit dans un milieu aisé et reçoit une éducation rigoureuse dans tous les domaines. Installé à Paris, il étudie l’architecture dans différents ateliers où il apprend la perspective et l’anatomie avant de devenir l’élève du peintre Jacques Louis David à la fin de l’année 1783. Inscrit à l’École des beaux-arts, Girodet remporte plusieurs récompenses aux concours imposés avant de gagner le grand prix de peinture en août 1789. Quelques semaines plus tôt, il a pu assister à la prise de la Bastille par les révolutionnaires dont il soutient, comme son maître, les ambitions. Alors que les évènements secouent la capitale, le jeune lauréat entreprend le traditionnel voyage en Italie au cours duquel il visite Turin, Milan, Bologne et Florence avant d’atteindre Rome en mai 1790. Son séjour, consacré à l’étude des maîtres anciens, est perturbé par les tensions politiques qui opposent la France et l’Italie. De retour à Paris à la fin de 1795, le peintre revient chargé d’un grand nombre d’études peintes et dessinées qui lui serviront tout au long de sa carrière. 

Très tôt, probablement même avant son départ pour l’Italie, Girodet réunit certains de ses premiers dessins pour constituer un recueil destiné à l’usage de ses futurs élèves. Outre des motifs d’après l’antique, l’auteur choisit de rassembler des études d’oreilles, de nez ou de figures. Parmi elles se trouve une feuille représentant le même visage deux fois tracé à la sanguine d’après un masque mortuaire en « plâtre moulé sur nature ». Cette mention manuscrite est lisible sur un autre dessin représentant le même sujet, sous un angle différent, conservé aujourd’hui au musée Girodet de Montargis. Plusieurs œuvres montrent l’intérêt précoce du peintre pour la représentation de la mort, à l’image des portraits funèbres de certains de ses proches, de même que la présence dans sa collection d’un portrait mortuaire de Denis Diderot à la sanguine par Jean-Baptiste Greuze. 

La feuille de cette double tête à la sanguine porte une trace de recadrage que l’on retrouve également sur certains des dessins de l’ensemble originel regroupé par Girodet. Une partie de ces études fut offerte à la bibliothèque de Montargis en 1845 par Antoine César Becquerel (1788-1878). Du vivant de Girodet, le projet d’éditer le recueil n’aboutit pas et ce n’est qu’en 1826, sous la direction de Henri Guillaume Chatillon, filleul et élève du maître, que ce dessin et d’autres seront lithographiés dans le sens des originaux par Noël Bertrand et rassemblés sous le titre de Cahier de principes. Imitation libre de l’antique et d’après nature.

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