Jean-Joseph-Xavier BIDAULD (1758-1846)

Vue de Cava dei Tirreni, entre 1785 et 1790
Huile sur papier marouflé sur toile
22,7 × 31,8 cm
Annoté à l’encre sur le châssis 20 
Provenance : vente après décès de l’artiste, Paris, 25 mars 1847, no 20 ; collection particulière, Paris

Dans la seconde moitié du xviiie siècle, l’incontournable voyage en Italie attire la plupart des visiteurs et des artistes à Rome. Cependant, un certain nombre d’entre eux s’aventurent également plus au sud vers Naples et jusqu’à la pointe de la botte. En 1789, Jean-Joseph-Xavier Bidauld, en Italie depuis déjà quatre ans, s’apprête à rentrer en France quand il décide de prolonger son séjour et de descendre jusqu’à Naples. Certaines sources anciennes évoquent la commande par un dénommé Godefroy à Rome de deux tableaux pouvant expliquer la raison de ce périple. Si la première des vues demandées par le commanditaire doit représenter la ville de Tivoli et la plaine de Rome, la seconde a pour sujet la ville et le pont de Cava dans le royaume de Naples. Après avoir longé la côte jusqu’à la baie de Naples, le peintre poursuit en direction de Salerne pour atteindre la petite cité de Cava de’ Tirreni à quelques kilomètres du rivage à l’intérieur des terres. Là, il multiplie de nouveau les croquis et les huiles sur papier, saisissant la nature du site sous ses différents aspects. 

L’une de ces vues à l’huile sur papier oppose clairement la nature au bâti. L’espace naturel du paysage, fait de terre ocre, d’arbres et de broussailles, ne présente aucune ligne droite alors que les éléments architecturaux qui en émergent sont traités schématiquement avec des formes géométriques. Le pont qui relie les deux rives au-dessus du cours d’eau est placé au centre de la composition. Sur la gauche, le clocher de l’abbaye de la Très-Sainte-Trinité culmine et rivalise symétriquement avec le sommet de la montagne à l’arrière-plan. Tous deux se détachent sur un large pan de ciel rose et bleu parsemé de nuages blancs. Cette œuvre, dont il existe une seconde version provenant de l’ancienne collection Thaw et actuellement conservée au Metropolitan Museum of Art de New York, porte au revers sur le châssis un numéro 20 à l’encre. Ce dernier renvoi à la vente après décès de l’artiste qui eut lieu en 1847 à Paris. Grâce à l’inventaire du contenu de cette vacation, nous savons que l’artiste conserva tout au long de sa vie un grand nombre d’études de paysages faites en Italie dont cette vue de Cava, achetée à l’époque pour la somme relativement importante de 65 francs.

Si, à son retour en France en 1790, Bidauld connut un indéniable succès, recevant des commandes prestigieuses sous l’Empire et la Restauration, la fin de sa carrière et ses prises de position comme membre de l’Institut lui valurent une image d’artiste conservateur opposé à la jeune génération. Aujourd’hui considéré comme l’un des précurseurs de la peinture de plein air, au même titre que Pierre-Henri de Valenciennes et Jean-Victor Bertin, Bidauld côtoie Camille Corot, grand rénovateur de la peinture de paysage, sur les cimaises des principaux musées du monde. 

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