Adrien DAUZATS (1804-1868)

Sentinelles sur une forteresse imaginaire,1824
Lavis d’encre, aquarelle et grattage sur papier 
11 × 13 cm
Signé et daté en haut à droite Dauzats/1824

Né à Bordeaux en 1804, Adrien Dauzats s’épanouit dès l’enfance dans le petit monde du théâtre. Son père, menuisier de formation, travaille comme machiniste au Grand-Théâtre de Bordeaux où il est logé avec sa famille. Inscrit à l’école de dessin de sa ville, il reçoit plusieurs prix avant d’entrer dans l’atelier du peintre et décorateur Thomas Olivier. Ce dernier recommande son élève auprès de Julien Michel Gué, peintre d’origine bordelaise, installé à Paris. À l’automne 1823, le jeune homme arrive dans la capitale où son nouveau maître, ancien élève de David et lauréat d’un second prix de Rome en 1814, travaille avec Charles Ciceri qui dirige les décors de l’Opéra. Gué, veuf depuis 1821, reçoit Dauzats comme un fils et lui délègue des contrats qu’il ne peut honorer, en particulier pour le Théâtre-Italien. Le jeune artiste entame donc sa carrière parisienne comme décorateur. 

De cette période date un petit dessin, probable première pensée pour un décor. Tracé au lavis d’encres noires et brunes, le motif imaginaire montre une succession de forteresses partiellement en ruine se perdant dans le lointain. Au premier plan, derrière une rangée de créneaux couverts par la végétation, deux sentinelles en armure font le guet. L’artiste éclaire subtilement cette vision nocturne en grattant le papier pour faire réapparaître la blancheur sous l’encrage. À Paris, le style troubadour est à la mode dans tous les domaines de l’art : en peinture, en sculpture, en musique et sur scène. L’inspiration médiévale de ce dessin épouse cette tendance. Sa technique fortement encrée évoque celle des projets de décors esquissés par Charles Ciceri, ceux-là mêmes qui influenceront plus tard les dessins fantasmagoriques de Victor Hugo. 

Durant l’automne 1824, Adrien Dauzats se rend à Londres puis, sur les conseils de Gué, décide de renoncer à sa carrière de décorateur pour se consacrer au paysage. De cette période date sa rencontre avec le baron Taylor qui sollicite sa contribution pour l’illustration des Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France. Le jeune peintre prend très tôt l’habitude de travailler sur le motif et s’attache à restituer fidèlement les paysages et les architectures qu’il croise tout au long de ses nombreux voyages en France, en Afrique du Nord et au Proche-Orient. Sa maîtrise du dessin, de l’aquarelle et de la lithographie lui permet de largement diffuser son travail. Grâce à Taylor, il fréquente le salon de Charles Nodier à l’Arsenal et se lie d’amitié avec la jeune génération des romantiques dont font partie Eugène Delacroix et Alexandre Dumas.

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