Claude Aimé CHENAVARD (1794-1838)

Polymnie,vers 1825-1830
Lavis d’encre et gouache blanche sur papier
12 cm de diamètre à vue
Étude de marli au crayon sur les marges sous le montage

Vendu

Né à Lyon en 1794, Claude Aimé Chenavard grandit au sein de la manufacture de son père qui, à l’origine spécialisée dans le tissage de la soie et la fabrication de papiers peints, s’ouvre à la production d’objets d’arts décoratifs de très grande qualité. Adolescent, il entre en apprentissage dans l’atelier d’un architecte du nom de Dromard avant de s’inscrire à l’École des beaux-arts de Paris. Féru d’histoire, le jeune étudiant fréquente les bibliothèques et complète sa formation académique avant d’intégrer l’entreprise familiale. Au cours des années 1820, Chenavard s’impose peu à peu comme un rénovateur des arts décoratifs en France, considérant que la valeur d’une œuvre décorative tient à l’excellence de sa forme plus qu’à la richesse de sa matière. À cette époque, l’artiste commence à publier ses recherches et ses réalisations sous forme de recueils gravés. Le premier, L’Album de l’ornemaniste, en 1827, sera rapidement suivi d’autres ouvrages. 

En tant qu’ornemaniste, Chenavard fournit, dès 1829, des dessins à la manufacture de Sèvres dirigée par Alexandre Brongniart. Rien n’interdit cependant de penser qu’il puisse collaborer avec certains ateliers de porcelaine parisiens avant cette date. Un dessin, très fouillé, au lavis d’encre et de forme circulaire, évoque les motifs en grisaille de certains centres d’assiettes richement décorés, dans le goût néoclassique à la mode depuis la fin du xviiie siècle. L’œuvre représente la muse Polymnie tenant une lyre et s’inclinant devant une statue d’Éros reconnaissable à son arc. La scène nocturne, peinte en lavis d’encre, est éclairée par des rehauts de gouache blanche. À l’arrière-plan, la colonnade d’un temple antique animé de quelques silhouettes complète le décor. Polymnie, muse de l’éloquence, était connue pour inspirer les poètes et les aèdes. Dans son Banquet, Platon, cherchant à distinguer un Éros céleste d’un Éros vulgaire, associe le second à la figure de Polymnie. Le format de ce dessin, 12 centimètres de diamètre, ainsi que la présence d’une esquisse de marli au crayon dans la marge appuient l’hypothèse d’un projet destiné à une assiette. Souvent conçue en série thématique pour composer un service, la figure de Polymnie devait être accompagnée sur d’autres pièces par celles des autres muses. 

Au Salon de 1831, l’artiste, qui présente un projet dessiné pour un vase monumental de style Renaissance, attire l’attention du public et de la critique. L’année suivante, le vase, une fois sorti des fours de Sèvres, est exposé à son tour. L’immense succès rencontré par celui-ci marque un tournant dans la production de la célèbre manufacture qui, depuis plus de trente ans, n’usait que du style néoclassique pour ses pièces d’exception. En 1833, les multiples talents de Chenavard sont déjà reconnus et le journal L’Artiste le décrit tout à la fois comme « architecte, peintre, historien, ornemaniste, décorateur, poète, dessinateur ».

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