Gustave COURTOIS (1853-1923)
Portrait du peintre Frederic Van Vliet Baker, 1898
Huile sur toile
78 × 59 cm
Signé et daté en haut à gauche G. Courtois 1898
Expositions : probablement Salon de la Société nationale des beaux-arts de 1898, no 329 : Le Jeune peintre (appartient à M. Henri Péreire) ; Exposition universelle de 1900, no 522 : Portrait de M. F. B. (appartient à M. Baker) ; Besançon, salon de 1902, no 61 : Portrait de M. Baker F. ; Pittsburgh, Carnegie Institute’s International Exhibition de 1904-1905, no 73 : Portrait of Mr Frederic Baker ; Rome, Esposizione internazionale de 1911, no 65 : Ritratto di B. F.
Vendu
Fils d’un garçon charcutier et d’une blanchisseuse, Gustave Courtois a grandi dans le village de Pusey en Haute-Saône. Scolarisé à Vesoul, son talent précoce est remarqué par l’un de ses professeurs qui le fait entrer à l’école municipale de dessin. À dix-sept ans, il s’inscrit à l’École des beaux-arts dans l’atelier de Jean-Léon Gérôme où il se lie d’amitié avec Pascal Dagnan-Bouveret. Les deux artistes ne se quittent plus et partagent un appartement au 53, rue Notre-Dame-des-Champs. Ensemble, ils exposent pour la première fois au Salon en 1875. Courtois présente alors un portrait de sa mère et Dagnan-Bouveret une Atalante. Ils déménagent plusieurs fois dans Paris avant de s’installer en 1887 au 73, boulevard Bineau à Neuilly-sur-Seine.
Un jour de 1895, un jeune peintre américain du nom de Frederic Baker vient s’inscrire à l’académie Colarossi où Courtois est professeur. Né en 1876 à New York, le jeune homme arrive à Paris après s’être formé au Pratt Institute de Brooklyn entre 1891 et 1895. À vingt et un ans, Baker prend la pose pour son maître. Gustave Courtois le représente grand et mince, une main sur la hanche et le coude posé sur une sellette ; le modèle nous regarde. Châtain clair aux yeux bleus, il porte une fine moustache et un mince collier de barbe rase. Son vêtement aux manches longues, d’un brun uniforme, se termine par un col haut qui cache son cou. Comme Courtois, le spectateur ne peut que difficilement rester insensible à la beauté Renaissance du jeune peintre dont la posture évoque les portraits italiens du xvie siècle, ceux de Bronzino et de Moroni. Avant de peindre, Courtois a réalisé un dessin préparatoire à sa composition, sur lequel la sellette est absente (musée de Pontarlier). Daté de 1898, le tableau pourrait être celui présenté par l’auteur au Salon de la même année sous le titre Un jeune peintre. Il est alors indiqué au livret qu’il appartient à Henry Pereire, ingénieur et homme d’affaires, collectionneur et mécène parisien. Une mention manuscrite au dos du dessin préparatoire conservé à Pontarlier semble confirmer cette première provenance. Par la suite, le modèle, ayant voulu récupérer son portrait, dut le racheter à Pereire, avant qu’il ne soit de nouveau exposé à Paris, puis à Besançon, comme étant sa propriété. En 1904, Baker quitte la France pour les États-Unis et prend avec lui le tableau qui cette fois est exposé à Pittsburgh. Nous ne savons dans quelles circonstances l’œuvre revient en Europe pour être exposée à Rome en 1911, avant de rester en possession de Courtois et de ses descendants jusqu’à la dispersion tardive de son atelier à Paris en 2009.
Depuis cette date, le Portrait du peintre Frederic Van Vliet Baker était considéré comme étant celui du peintre Carl von Stetten. Courtois, ouvertement homosexuel, avait entretenu une relation intime avec cet autre élève de Gérôme d’origine allemande qui fut son modèle pour de nombreux tableaux, mais dont l’âge en 1898 ne permet pas de le confondre avec le jeune homme de ce portrait.