Marcel JAMBON (1848-1908)
Le Campement d’Attila, vers 1898
Huile, gouache et pastel sur toile
64,5 × 72 cm
Annoté et daté à E. Detaille / son bon ami M. Jambon 1901
Au revers cachet Collection ED
Projet de décor pour le 1er acte de La Burgonde, 1898, Théâtre national de l’Opéra, Paris
Provenance : vente Succession Édouard Detaille (deuxième vente), 3 avril 1913, hôtel Drouot, Paris, no 50 : Les Huns, pour Attila
En cours d’acquisition par la Bibliothèque nationale de France, Paris
Originaire de la ville de Barbezieux-Saint-Hilaire en Charente, Marcel Jambon entre à treize ans dans l’atelier d’Auguste-Alfred Rubé, un célèbre décorateur qui travaille pour l’Opéra de Paris. Après la guerre de 1870, il s’associe avec son maître et collabore aux nombreuses commandes que reçoit leur atelier. À ce titre, il conçoit les décors de La Walkyrie, de Tannhäuser et de Falstaff pour n’en citer que quelques-uns. Durant l’Exposition universelle de 1889, ses décors pour la galerie des Machines, et ceux du pavillon de l’Histoire de l’habitation sont largement salués. En 1896, chargé d’organiser le magasin de l’Opéra, boulevard Berthier, il obtient qu’une voie de tramway soit raccordée entre l’entrepôt et l’Opéra pour permettre le transport des décors par voie ferrée.
Deux ans plus tard, le 23 décembre 1898, a lieu la création à l’Opéra de Paris de La Burgonde, pièce en quatre actes et cinq tableaux sur un livret d’Émile Bergerat et Camille de Sainte-Croix et sur une musique de Paul Vidal. Marcel Jambon se charge des décors, assisté par Alexandre Bailly son gendre. Le propos qui s’inspire librement de plusieurs ouvrages sur la vie d’Attila raconte le meurtre du chef des Huns par Ilda la Burgonde. Le début de la pièce se déroule dans trois décors de forêt successifs. Une publication de l’époque consacrée à cet opéra est illustrée en tête de l’article par une photographie du décor du premier acte. Derrière plusieurs tentes rondes de type mongol, on peut voir, à travers les profondeurs d’un sous-bois, les toiles tendues d’un bivouac composant le rideau de fond de scène. Pour concevoir cet élément, probablement commun à plusieurs scènes de l’opéra, Marcel Jambon réalise son projet à la gouache et au pastel sur une toile presque carrée. Traité en vert, brun et blanc, relevé de quelques touches de bleu, l’ensemble suggère la fraîcheur d’une clairière à la lumière clairsemée. Par la suite, l’artiste conserve son œuvre avant de l’offrir au peintre Édouard Detaille, son ami, comme le montre une dédicace ajoutée au moment du cadeau en 1901. Restée en possession du dédicataire jusqu’à sa mort, la toile est vendue au moment de sa succession en 1913, sous le titre Les Huns, pour Attila.
Le talent de Jambon, et de son nouvel associé Alexandre Bailly, est largement mis à contribution lors de l’Exposition universelle de 1900. En près de quarante ans, Marcel Jambon conçoit plusieurs centaines de décors pour les théâtres parisiens et l’Opéra, mais aussi des frises décoratives dans des lieux publics tels que le café-buffet de la gare de Lyon ou la salle des fêtes de la préfecture de Nancy.