Pierre-Georges JEANNIOT (1848-1934)

La Fin du brigand, vers 1891
Huile sur carton
39 × 27 cm
Œuvre préparatoire à la gravure publiée dans Les Misérables de Victor Hugo (tome III : Marius, livre troisième : Le Grand-Père et le Petit-Fils, chapitre iv : « Fin du Brigand », Paris, Émile Testard et Cie, 1891)
Exposition : probablement une des œuvres présentées entre 1891 et 1893 au Salon de l’Union artistique de Toulouse

En cours d’acquisition par la Maison Victor Hugo, Paris

Le 5 mars 1884, Victor Hugo concède le droit exclusif d’exploitation de ses œuvres complètes dans le format in-quarto aux éditeurs Émile Testard et Jules Lemonnyer. Ce projet baptisé « Édition nationale » s’annonce titanesque. Le 22 mai de l’année suivante, la mort de l’écrivain fait évoluer l’entreprise en véritable hommage au grand homme disparu. Pour l’illustration des œuvres d’Hugo, les éditeurs font appel à certains des artistes les plus célèbres de leur temps. Alexandre Cabanel, Léon Comerre, Fernand Cormon, Henri Fantin-Latour, Jean-Léon Gérôme, Jean-Jacques Henner, Luc-Olivier Merson, Georges-Antoine Rochegrosse et même Auguste Rodin font partie des contributeurs. Les choses ne se passent cependant pas comme prévu ; rapidement les coûts explosent, entraînant la faillite de Lemonnyer, et Testard doit poursuivre seul l’aventure. Ce dernier confie en 1891 l’ensemble des illustrations pour Les Misérables à un seul artiste : Pierre-Georges Jeanniot. 

Fils d’un ancien directeur de l’école des beaux-arts de Dijon, Jeanniot se destine d’abord à une carrière militaire avant de faire ses débuts artistiques au Salon de 1872. Peintre, dessinateur et graveur, il se rapproche d’Edgar Degas et d’Édouard Manet dont il fait le portrait en 1883. Illustrateur recherché, il participe à de nombreux projets d’édition tout au long de sa carrière. Pour Les Misérables,Jeanniotproduit plus de deux cents dessins et vingt-cinq peintures en noir et blanc. La Fin du brigand peinte en grisaille sur carton est confiée au graveur Louis Muller qui la transpose sur la plaque de cuivre sans l’inverser. 

L’image illustre un passage du quatrième chapitre du troisième volume du troisième livre : « Puis il était sorti de sa chambre et était tombé sur le carreau de l’antichambre. Il venait d’expirer. On avait appelé le médecin et le curé. Le médecin était arrivé trop tard, le curé était arrivé trop tard. Le fils aussi était arrivé trop tard. » L’épisode représenté est celui où Marius, âgé de dix-sept ans, découvre son père, Georges Pontmercy, mort, étendu sur le sol. Le peintre reste fidèle au texte d’Hugo en plaçant le corps sans vie au centre de la pièce, sous le regard des autres personnages. Le décor austère se réduit à une chaise et deux gravures accrochées au mur éclairées par une bougie.

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