Charles-Auguste-Émile DURANT, dit CAROLUS-DURAN (1837-1917)

Portrait de monsieur Duchoiselle, 1878
Huile sur toile
50,5 × 36,5 cm
Dédicacé, signé et daté en haut à M. Duchoiselle, son ami / Carolus-Duran / 78
Provenance : achat du peintre Edmond Suau (1871-1929) pour son cousin alsacien Frédéric-Eugène Geney à la deuxième vente de la collection de Charles Drouet, Paris, hôtel Drouot, 3 avril 1909, no 15 : Portrait d’Homme. Peinture. Signée et datée : 1878

Lille en 1837. Il se forme d’abord auprès du peintre François Souchon puis, à seize ans, s’installe à Paris et prend le pseudonyme de Carolus-Duran. Ses premières œuvres exposées au Salon de 1859 sont influencées par le réalisme de Gustave Courbet et attirent l’attention d’Édouard Manet, Henri Fantin-Latour et Félix Bracquemond qui deviennent ses amis. Avant de se rendre en Espagne où il découvre Vélasquez, Carolus-Duran voyage en Italie entre 1862 et 1865. C’est à Rome qu’il trouve le sujet pour son tableau L’Assassiné; souvenir de la campagne romaine exposé à son retour au Salon de 1866. La consécration vient deux ans plus tard lorsqu’il présente La Femme au gant, un grand portrait de son épouse Pauline Croizette. Le succès est tel que le peintre reçoit immédiatement de nombreuses commandes. Si le genre du portrait lui apporte la prospérité, Carolus-Duran est accusé par ses amis peintres de ne pas emprunter avec eux le chemin de la modernité. Le peintre impressionniste Camille Pissarro lui reproche de gâcher son talent en mondanités, tandis qu’Émile Zola reconnaît que Carolus-Duran « rend Manet compréhensible au bourgeois […] en l’assaisonnant au goût du public ». 

En 1878,  le peintre présente au Salon un portrait de femme et une grande toile, Gloria Maria Médicis, commandée par l’État pour orner l’un des plafonds du palais du Luxembourg. La même année, il réalise un portrait représentant l’un de ses amis du nom de Duchoiselle. Âgé d’une trentaine d’années, le jeune homme de face arbore une moustache, une mouche et un collier de barbe brune. Habillé de noir, il porte un large nœud blanc au col dont la virtuosité de traitement évoque la manière d’Édouard Manet. La dédicace de Carolus-Duran suggère que cette toile était un cadeau amical de l’auteur au modèle. Ce dernier pourrait être le sculpteur Francis-Antoine-Alexandre Duchoiselle (1848-1886). Originaire de Paris, cet artiste travailla au Louvre aux décors de l’escalier Mollien sous la direction d’Hector Lefuel ainsi que sur le chantier du nouvel Opéra dirigé par Charles Garnier. De lui, nous ne connaissons que très peu d’œuvres dont quelques modèles en bronze d’édition. La mort précoce de Duchoiselle à l’âge de trente-huit ans peut partiellement expliquer le manque d’informations à son sujet. Après son décès, ce portrait entre en possession du sculpteur et collectionneur Charles Drouet et réapparaît lors de la vente de sa collection en 1909 avant d’être acquis par le peintre Edmond Suau.

Retour en haut