Léon BONNAT (1833-1922)

Jacob luttant avec l’ange, vers 1876
Huile et encre de chine sur parchemin
16 cm de diamètre 
Signé et titré en haut L. Bonnat – jacob luttant avec l’ange 

Originaire de Bayonne, Léon Bonnat passe une partie de son enfance en Espagne avec sa famille. À Madrid, il découvre la peinture et prend ses premières leçons auprès de Federico de Madrazo y Kuntz. Au milieu des années 1850, à Paris, il devient l’élève de Léon Cogniet et participe au concours du prix de Rome auquel il termine deuxième en 1857. Cependant, avec l’aide financière de sa ville natale, il découvre Rome, son architecture et les maîtres de la Renaissance. Sa peinture sera imprégnée tout au long de sa carrière par la monumentalité de Michel-Ange dont il a admiré les fresques dans la chapelle Sixtine. Pendant son séjour, il côtoie Edgar Degas, Gustave Moreau et Carolus-Duran. De retour à Paris, il participe assidûment au Salon et ouvre son atelier en 1865. Bonnat trouve alors la gloire dans l’art du portrait. Membres de la haute société, personnalités politiques et intellectuelles se pressent dans son atelier, d’Adolphe Thiers à Victor Hugo en passant par Alexandre Dumas et le président Jules Grévy. Si ces portraits d’apparence quelque peu austère assurent sa notoriété, l’artiste se veut avant tout peintre d’histoire avec une prédilection pour les sujets religieux. Dès sa deuxième participation au Salon en 1859, Léon Bonnat présente un Bon Samaritain, puis les années suivantes Adam et Ève trouvant Abel mort (1861), Le Martyre de saint André (1863), Saint Vincent de Paul prenant la place d’un galérien (1866) ou L’Assomption (1869) 

Après plusieurs années, durant lesquelles le peintre exploite principalement ses souvenirs d’un voyage en Orient, il revient à la peinture religieuse avec un Christ en 1874 puis deux ans plus tard avec une toile monumentale illustrant la lutte de Jacob. L’histoire de Jacob, fils d’Isaac et petit-fils d’Abraham, est tirée de la Genèse (versets 22-32). Traversant un fleuve sur le chemin de Canaan, Jacob est confronté à un homme avec lequel il lutte jusqu’à l’aube. Incapable de le vaincre, il comprend que son adversaire est un ange et demande à être béni avant de se rendre. L’ange déclare alors : « Ton nom ne sera plus Jacob, mais Israël, parce que tu as lutté avec Dieu et avec les hommes, et que tu as vaincu. » Bonnat centre sa composition sur les deux figures masculines représentées sans décor et met en évidence son intérêt pour l’anatomie tout en rendant hommage au génie de ­­Michel-Ange. Outre les nombreux dessins d’études qui préparent à sa composition, le peintre répète son motif dans différents formats et sur des supports variés. 

Une version, de petites dimensions, aux couleurs vives, tracée à l’encre et relevée d’huile sur un disque de parchemin montre Jacob et l’ange dans des postures identiques à celles du tableau exposé au Salon de 1876. Un bleu puissant couvre la partie supérieure du cercle alors que le fond, laissé en réserve, laisse apparaître la couleur gris-beige du support. Bonnat intègre également un drapé au jaune pur autour de l’ange, détail absent des autres variantes du sujet.

Retour en haut