Léon-François COMERRE (1850-1916)

La Musicienne ottomane, 1880
Huile sur toile
61,8 × 42,7 cm
Signé en haut à gauche L. Comerre
Localisé et daté en haut à droite Rome / 1880

Vendu

Fils d’instituteur, Léon Comerre grandit à Lille où il se forme auprès du peintre Alphonse Colas. En 1867, une bourse lui permet de se rendre à Paris pour entrer dans l’atelier d’Alexandre Cabanel à l’École des beaux-arts. Après la guerre de 1870, durant laquelle il est mobilisé, Comerre fait ses débuts au Salon de 1873 avec un portrait. Lauréat du prix de Rome en 1875, il arrive à la Villa Médicis en janvier de l’année suivante. Là, il travaille sur ses envois successifs pendant quatre ans : Jézabel dévorée par les chiens en1876, Junon en 1878, et Le Lion amoureux en 1879. Son pensionnat touchant à sa fin, le peintre achève la composition de son dernier envoi sur le thème de Samson et Dalila. Ayant pris du retard, l’artiste prolonge son séjour jusqu’au début de l’année 1880 et peut mettre en caisse sa toile de grand format au mois d’avril. 

Entre janvier et le jour de son départ pour la France, Comerre travaille à une autre toile en dehors du cadre de l’École. Sensibilisé à l’orientalisme par Cabanel, le peintre représente une jeune femme jouant du bouzouk assise sur une banquette. Son costume et les origines de l’instrument évoquent une inspiration ottomane. Les accessoires, une table en bois noir marquetée de nacre, un service à thé en cuivre et des peaux animales se retrouvaient à l’époque dans la plupart des ateliers d’artistes, ayant fait ou non le voyage en Orient. Pour le décor de carreaux jaune et bleu, Comerre s’inspire de la chambre turque située dans une des tours de la Villa Médicis. Ce boudoir au décor néo-mauresque avait été conçu en 1833 par Horace Vernet, alors directeur de l’Académie, en souvenir de son séjour à Alger. Malgré la touche visible et une apparente vitesse d’exécution, l’œuvre montre une grande attention portée aux détails et un raffinement poussé dans le rendu des différentes matières. De retour à Paris, Comerre reprend à de nombreuses reprises la composition de cette toile dans plusieurs variantes moins raffinées et plus commerciales. Le motif du carrelage apparaît également dans d’autres sujets orientaux, tel un clin d’œil répété à son passage par la Villa. 

D’abord installé dans un hôtel particulier au 67, rue Ampère à Paris, l’artiste fait aménager un nouvel atelier au Vésinet où il vient travailler à partir de 1884. Comme tous les anciens lauréats de l’Académie, Comerre connaît une carrière officielle auréolée de succès. Il reçoit de nombreuses commandes publiques pour des décors et devient rapidement un portraitiste recherché. Installé de manière définitive au Vésinet, il s’engage dans la politique locale et devient conseiller municipal en 1904. Son épouse, Jacqueline Comerre-Paton, peintre également, se charge de la diffusion de l’œuvre de son mari après la mort de ce dernier en 1916.

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