La Guerre, ses causes et ses suites, 1870
Pastel et huile sur carton
39 × 30,3 cm
Signé et daté en bas à gauche Ray Balze / Pinxit 1870
Exposition : probablement Salon de 1878, no 2386 : La guerre, ses causes et ses suites ; légendé : De jeunes enfants se disputent une bulle de savon qui les entraîne vers un précipice
Vendu
Fils de Joseph Balze, grand chambellan du roi d’Espagne en exil, Raymond Balze naît à Rome en 1818. Après une enfance passée en Italie, son père l’envoie avec son frère aîné Paul à Paris pour étudier dans l’atelier de Jean-Auguste-Dominique Ingres. Dans sa correspondance, le maître de Montauban manifeste une grande affection pour ceux qu’il appelle tendrement ses « enfants » ou ses « fils ». Cette bienveillance résulte du soutien financier indispensable prodigué par leur père au jeune Ingres, lorsque, resté à Rome après la chute de l’Empire, il rencontra des difficultés financières. En 1835, Ingres est nommé directeur de la Villa Médicis, Raymond et Paul le suivent et retournent vivre en Italie. Le maître leur confie la commande titanesque de réaliser pour l’État français la copie des Loges et des Chambres de Raphaël au Vatican. De retour à Paris, Raymond Balze est l’un des vingt finalistes du concours de 1848 pour « une figure symbolique de la République », puis avec sept autres anciens élèves de l’atelier, il travaille sur les décors de l’Hôtel de Ville commandés à Ingres en 1853. Si, tout au long de sa vie, Raymond collabore, avec son frère pour l’exécution de copies d’après les maîtres et participe à la renaissance de l’art oublié de la peinture émaillée sur pierre de lave, il produit également de manière autonome un certain nombre d’œuvres de sa composition qu’il expose au Salon.
En 1867, dans son atelier du 17, rue Rousselet, Raymond Balze met les dernières touches à une grande composition dont l’interprétation peut dérouter. La Guerre, ses causes et ses suites, une toile de belles dimensions (138,5 × 112 cm), représente de jeunes enfants jouant avec des bulles de savon. Au second plan, une figure féminine souffle dans un tube les sphères que les bambins se disputent au bord d’une falaise. Cette lutte, aussi puérile que dangereuse, risque à tout moment de les précipiter dans le vide. Si l’année de son exposition, l’œuvre et son sujet semblent en décalage avec l’époque, ce n’est plus le cas lorsque, trois ans plus tard, Raymond répète sa composition en réduisant le format. Cette seconde version, datée de 1870, est peinte alors que la France du Second Empire entre en guerre contre le royaume de Prusse. Les prétextes qui motivent ce conflit armé semblent alors aussi futiles que les bulles de savon du tableau. Inscrite dans un ovale, l’œuvre traitée avec un mélange d’huile et de pastel gras est probablement celle exposée par l’artiste au Salon de 1878 dans la sous-catégorie des dessins, cartons, aquarelles, pastels, etc.
Durant sa longue carrière, Raymond participe presque annuellement au Salon jusqu’à sa mort en 1909, à l’âge de quatre-vingt-dix ans. Depuis une vingtaine d’années, son travail est mieux connu, du fait de l’acquisition de plusieurs tableaux par les musées de Montauban et Beauvais et grâce au catalogue de l’exposition Les Élèves d’Ingres rédigé par Georges Vigne en 1999.