Pierre-Claude-François DELORME (1783-1859)
Saint Luc, vers 1837
Huile sur toile
40,7 × 33 cm
Figure d’étude pour l’un des écoinçons de l’église Notre-Dame-de-Lorette à Paris
En cours d’acquisition par la Société des Amis du musée de la Vie Romantique, Paris
Au début du XIXe siècle, le quartier situé au pied de la colline de Montmartre prend le nom de Nouvelle Athènes. Son développement rapide rend nécessaire la construction d’une nouvelle église. En 1823, l’architecte Hippolyte Le Bas, chargé des travaux, conçoit un édifice fortement marqué par les modèles de temples antiques. Consacrée sous le vocable de Notre-Dame-de-Lorette en 1836, l’église reçoit un riche décor pour lequel vingt-six artistes différents sont sélectionnés. Alphonse Périn, Victor Orsel, François Dubois, François-Édouard Picot, Jérôme-Martin Langlois et François-Joseph Heim sont sollicités pour réaliser des toiles de grands formats ou des peintures murales devant orner les chapelles. Pierre-Claude-François Delorme reçoit la commande prestigieuse du décor de la coupole du chœur.
Ancien élève d’Anne-Louis Girodet, Delorme fait ses débuts au Salon de 1810 avec La Mort d’Abel, toile aujourd’hui conservée au musée Fabre de Montpellier. Par la suite, il bénéficie de nombreuses commandes destinées à décorer les églises parisiennes largement pillées pendant la Révolution. Pour Notre-Dame-de-Lorette, le programme prévoit que Delorme illustre sur la coupole une légende du XVe siècle selon laquelle, à la suite de l’invasion de la Palestine, des anges auraient déplacé la maison où Joseph, la Vierge et l’Enfant Jésus vécurent à Nazareth. La Santa Casa aurait été alors transportée près d’Ancône en Italie où, cachée au milieu des lauriers, elle prit son nom de « Lorette ». Delorme choisit de représenter la Vierge entourée par une cohorte d’anges dans un esprit d’inspiration baroque. Chargé également du décor des quatre écoinçons qui soutiennent la coupole, le peintre y représente les évangélistes : Marc, Luc, Jean et Matthieu. Pour chacun des saints, l’artiste réalise de nombreux dessins et études préalables à l’huile. Le musée Lambinet conserve un dessin préparatoire pour le saint Luc représenté assis, torse nu, écrivant sur une tablette et levant les yeux en direction d’un ange. L’étude peinte se concentre sur le visage de l’apôtre, sa barbe de couleur rousse et sa coiffure courte ébouriffée. La tête de l’évangéliste se détache sur un fond bleu rapidement brossé, ses épaules sont couvertes d’une cape violine et son torse n’est plus nu, mais habillé d’un haut rouge comme dans la peinture définitive.
Les décors achevés au fil du XIXe siècle se sont gravement détériorés avec le temps. Inscrite sur la liste des monuments en péril du World Monument Fund en 2013, l’église connaît depuis une campagne de restauration qui permet de redécouvrir, petit à petit, ces œuvres avec un regard nouveau. À ce jour, les quatre écoinçons de Delorme, très endommagés, n’ont pas encore été restaurés.