Philippe ROUSSEAU (1816-1887)

Le Laboratoire du photographe, vers 1866
Huile sur toile
35,2 × 28,6 cm
En bas à droite, cachet rouge Vente Ph. R (Lugt supplt. 2090a)
Étude pour Il opère lui-même exposé au Salon de 1866 
Provenance : vente après décès de l’artiste, Paris, hôtel Drouot, 26 janvier 1888, no 11 : Le Laboratoire du Photographe. Étude pour le tableau « Le Singe photographe »

En cours d’acquisition

Fils d’un chanteur d’opéra, Philippe Rousseau entre à l’École des beaux-arts où il fréquente les cours du baron Gros avant d’entrer dans l’atelier du peintre paysagiste Jean-Victor Bertin. L’influence de son premier maître est difficilement perceptible quand le jeune peintre débute au Salon en exposant, à partir de 1834, majoritairement des paysages. Après 1844, son style s’affirme ; sa prédilection pour l’art de la nature morte et la peinture animalière se lit dans les titres des toiles qu’il expose désormais. Rousseau, qui puise quelquefois ses sujets dans les fables de La Fontaine, trouve, grâce au retour de goût pour l’art du xviiie siècle sous le Second Empire, un accueil très favorable et reçoit des commandes publiques et privées. Médaillé du Salon à deux reprises, il est de nouveau récompensé à l’Exposition universelle de 1855 ; sa réputation est faite. Ses œuvres aux sujets souvent anecdotiques attirent une clientèle fortunée dont font partie les Rothschild et plusieurs membres de la famille impériale. 

Au début des années 1860, Rousseau réalise des œuvres dont les sujets mêlent nature morte et genre animalier, notamment des « singeries ». Ces scènes, souvent satiriques, faisant jouer aux primates le rôle de leurs contemporains, ont été popularisées par des peintres tels que David Teniers le Jeune au xviie siècle, Jean-Siméon Chardin au siècle suivant puis remises à la mode par Alexandre-Gabriel Decamps à partir des années 1830. Sur ce principe, Philippe Rousseau présente Musique de chambre en 1861, puis La Recherche de l’absolu deux ans plus tard. En 1866, le peintre montre un singe manipulant des produits chimiques dans l’atelier d’un photographe sur une toile titrée Il opère seul. L’œuvre connaît un succès tel qu’elle est reproduite dans le journal L’Illustration du 19 mai 1866. Pour sa toile, l’artiste a réalisé au préalable une étude détaillée du décor. Cette œuvre présente un coin d’atelier semblable à une cuisine, dont l’unique fenêtre a été occultée par des papiers collés et des torchons. La lumière retenue teinte le calfeutrage d’une séduisante couleur jaune orangé. Sur l’établi de bois on distingue, autour d’un bac de développement, une multitude de bouteilles ainsi que ce qui ressemble à une pile de plaques de verre. Rare témoignage du dispositif technique du collodion humide mis en place par le praticien pour fixer ses images, cette étude met en avant l’intérêt de Rousseau pour la photographie. Le peintre fut, dès 1854, l’un des cofondateurs de la Société française de photographie, puis en 1859, avec Théophile Gautier et Eugène Delacroix, l’un des membres de la commission chargée de statuer sur la place de cette pratique dans le domaine des beaux-arts.

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