Paul JOURDY (1805-1856)

Femme à l’épaule dénudée, vers 1848
Huile et pastel sur toile
55 × 45 cm
Signé au revers de la toile Jourdy
Exposition : peut-être Paris, Salon de 1848, no 2445 : Une tête de femme ; étude ; pastel

Originaire de Dijon, Paul Jourdy entre à l’École des beaux-arts de Paris à l’âge de quinze ans. Il y fréquente les ateliers de Jérôme-Martin Langlois puis de Guillaume Guillon Lethière. Après plusieurs échecs au concours du prix de Rome, le jeune peintre fait ses débuts au Salon en 1831. Obstiné, il participe encore au grand prix et finit par être récompensé en 1834 pour sa composition : Homère chantant ses vers. Parti pour l’Italie, il gagne la Villa Médicis dont Ingres vient de prendre la direction. Sur place, il retrouve ses anciens compagnons de l’École, Frédéric-Henri Schopin et Hippolyte Flandrin, lauréats respectivement en 1831 et 1832. Durant son pensionnat, Paul Jourdy développe un style indéniablement influencé par celui d’Ingres et se spécialise dans la représentation du corps féminin. Pour son troisième envoi de Rome en 1837, il fait le choix d’une académie de jeune femme là où l’usage imposait un corps d’homme mis en situation. L’œuvre intitulée Femme mettant ses boucles d’oreilles sera exposée au Salon quatre ans plus tard. De retour à Paris, il participe presque chaque année aux expositions officielles et son monumental Prométhée enchaîné au rocher présenté en 1842 est commenté par la critique. Lors des Salons suivants, l’artiste alterne sujets profanes et religieux sur des toiles régulièrement achetées par le ministère public au profit des églises parisiennes. 

En 1848, le livret du Salon référence cinq œuvres sous son nom : deux portraits, une bacchante, et deux têtes d’étude, l’une d’homme et l’autre de femme dont la technique, le pastel, est précisée. Exposée sous le numéro 2445, cette dernière étude pourrait correspondre au portrait d’une jeune fille blonde cheveux défaits et épaule dénudée. Réalisé à l’huile relevé de pastel sur toile non préparée de format rectangulaire, le motif s’inscrit dans un large ovale. L’utilisation de la peinture à l’huile, posée à sec, très peu diluée et relevée de crayon blanc, donne à l’œuvre l’aspect général d’un pastel. La jeune modèle aux yeux bleus tourne la tête vers nous en esquissant un sourire séducteur, telle une bacchante cherchant à attirer le voyageur ou une belle lorette souriant au passage d’un potentiel client. Si l’on peut déceler ici quelques références à l’art d’Ingres, cette jeune femme évoque plus directement la manière d’un autre de ses élèves, Henri Lehmann. 

Malgré son statut d’ancien lauréat du prix de Rome et plusieurs commandes officielles, Jourdy ne connaîtra jamais une célébrité équivalente à celle de Flandrin ou de certains de ses anciens camarades de la Villa Médicis. Aujourd’hui ses œuvres sont encore visibles dans plusieurs églises de Paris et le musée Ingres-Bourdelle de Montauban conserve et expose son Prométhée enchaîné au rocher, du Salon de 1842.

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