Marius ENGALIÈRE (1824-1857)

Paysage présumé d’Espagne, vers 1854
Huile sur panneau
22,8 × 38,1 cm
Signé en bas à droite Engalière
Provenance : collection particulière

Vendu

Natif de Marseille, Marius Engalière grandit au sein d’une famille modeste qui le destine à une vie d’artisan. À cette fin, il se forme chez un peintre en bâtiment puis auprès d’un humble décorateur qui décèle son talent et l’incite à suivre les cours de l’école gratuite de dessin de Marseille. Sous la direction du peintre Augustin Aubert, le jeune Marius reçoit plusieurs prix entre 1840 et 1844. Fort de cette reconnaissance locale, à vingt ans il tente sa chance à Paris et entre dans l’atelier de Pierre-Luc-Charles Ciceri, le directeur des décors de l’Opéra, et fréquente son fils, Eugène, l’un des membres de l’école de Barbizon. Durant la révolution de 1848, Engalière est incorporé dans l’armée et envoyé en garnison à Toulouse où à la suite d’un accident il devient sourd. Réformé, il reste dans la région pour travailler à sa peinture puis découvre l’Espagne. Comme certains peintres de la génération romantique qui l’ont précédé de l’autre côté des Pyrénées, Marius Engalière est rapidement fasciné par ce pays. Il se rend du nord au sud et revient plusieurs fois sur ses pas visitant Alicante, Grenade, Malaga. 

En 1853, il expose au Salon une Vue générale de Grenade prise de la montagne des Gitanos et une Vue prise à Crevillente. Les vues d’Espagne paraissent encore exotiques aux yeux des Parisiens et sont rares sur les cimaises des expositions officielles où pourtant les paysages sont accrochés en nombre à cette époque. Au-delà de leurs qualités esthétiques, ses toiles gagnent vite les mérites dus à l’originalité. Sur un fin panneau de bois, Engalière peint à cette époque un paysage qui est traditionnellement considéré comme une vue d’Espagne. L’espace y semble agencé comme sur la scène d’un théâtre. Un pré vert ponctué de broussailles occupe tout le premier plan avant de s’interrompre brutalement, fermé par un alignement d’arbres. À l’arrière-plan, des montagnes grises, surplombant un monastère en pierre blanche et son haut clocher, paraissent avoir été peintes tel un rideau de fond de scène. Rien ici n’évoque plus l’Espagne que la Provence ou le Languedoc. Quoi qu’il en soit, le peintre attache une importance suffisante à cette composition pour la répéter au moins une fois presque à l’identique sans plus de précision sur sa localisation. Cette autre version, qui ne diffère que par d’infimes détails, était conservée dans une collection particulière marseillaise lorsqu’elle fut présentée au musée Grobet-Labadié à Marseille pour l’exposition consacrée au peintre en 1981. 

La carrière de ce jeune peintre prometteur fut trop courte pour qu’il obtienne une reconnaissance équivalente à celle de Paul Guigou, son contemporain. En mars 1857, alors que Marius Engalière est à Paris et s’apprête à participer une nouvelle fois au Salon, il meurt d’une crise d’apoplexie foudroyante. Il n’avait que trente-deux ans.

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