YOKOUCHI Ginnosuke (1870-1942)

Le Mont Fuji, vers 1900-1910
Aquarelle sur papier
48,5 x 33 cm
Signé en bas à gauche en lettres latines yokouchi, en chinois et en japonais 

Vendu

Yokouchi Ginnosuke, connu également sous le nom de Yokouchi Kiyoharu, est un artiste japonais établi à Yokohama et l’un des principaux membres du mouvement shin-hanga dont le nom se traduit littéralement par « nouvelle gravure ». Ce courant artistique qui naît au Japon au début du XXe siècle connaît son apogée durant la période Taishō entre 1912 et 1925. Héritier du courant ukiyo-e, né au XVIIe siècle, il en reprend le système de dissociation des pratiques entre dessinateur, graveur, imprimeur et éditeur tout en s’opposant aux principes soutenus par le mouvement sōsaku-hanga, pour lequel l’artiste doit intervenir à chacune des étapes de la création. 

Yokouchi, qui pratique principalement l’aquarelle à ses débuts, choisit d’abord de laisser à des artisans spécialisés le soin de traduire ses œuvres en estampes et aux éditeurs de les diffuser. Grâce à cela, il peut se concentrer exclusivement sur l’aspect esthétique de ses compositions et laisser libre cours à sa créativité. Par la suite, il se charge également de traduire lui-même ses œuvres dans le bois et devient l’un des meilleurs dans ce domaine. Ses thèmes restent traditionnels – paysages et scènes de genre –, mais intègrent des composantes nouvelles telles que la perspective, les jeux de lumière et l’expression des sentiments, en acceptant l’influence de certains mouvements picturaux venus d’Europe. L’art japonais avait fasciné Manet, Van Gogh et les impressionnistes durant le dernier quart du XIXe siècle ; avec Yokouchi Ginnosuke et le mouvement shin-hanga, l’art séculaire de l’estampe s’ouvre à son tour sur le monde. 

L’une de ses œuvres à l’aquarelle montre un paysage dominé par le célèbre mont Fuji. Située au sud-ouest de Tokyo, cette montagne-volcan de 3776 mètres de hauteur est le point culminant du Japon. Du fait de son profil montagneux exceptionnellement symétrique, le mont Fuji est devenu au cours des siècles l’un des emblèmes du Japon. Sujet d’inspiration pour les artistes (sa plus ancienne représentation connue date du XIe siècle), il est répété jusqu’à la monomanie par Hokusai en 1835 dans sa série Cent vues du mont Fuji. Chez Yokouchi, le sommet du mont couvert de neige se détache sur un fond de ciel marbré par les nuages. Plus bas, les plaines descendent jusqu’au lac Kawaguchi alors qu’au premier plan, un bouquet d’arbres vient rompre la planéité de l’ensemble. La monochromie bleue de l’œuvre est rompue par la triple signature en rouge de l’auteur, en lettres latines, en chinois et en japonais. Visant un public international, l’artiste veut que son nom puisse être facilement identifiable.

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