Serafino MACCHIATI (1861-1916) 

Autoportrait en Philippe, vers 1900
Mine graphite, aquarelle, rehauts de gouache blanche sur papier
29 x 23,7 cm
Signé en bas à droite S. Mackiati
Annoté sur le montage Il n’avait conservé que juste assez / de lucidité pour observer les phénomènes / extérieurs et les transformer en de chimé-/-riques visions
Publication : reproduit en gravure à l’entête du chapitre XI dans Amour d’automne. Illustrations de S. Macchiati de André Theuriet, Paris, A. Lemerre, 1900, p. 157

Vendu

« Il était environ quatre heures après-midi.
Depuis son déjeuner, Philippe avait travaillé fiévreusement à une volumineuse correspondance […]. »

André Theuriet, de l’Académie française, débute ainsi le onzième chapitre de son roman Amour d’Automne publié pour la première fois en 1887 dans la Revue des deux mondes. Son éditeur Alphonse Lemerre fait appel en 1900 à Serafino Macchiati pour illustrer une nouvelle édition du roman. 

Né à Camerino dans le centre de l’Italie en 1861, Serafino Macchiati se forme à Rome parmi les peintres divisionnistes et fréquente les milieux artistiques et littéraires de la capitale. Rapidement, le jeune artiste consacre une partie de son talent à l’illustration d’ouvrages pour des éditeurs romains avant de s’établir à Paris en 1898. Dans la capitale effervescente, il retrouve son compatriote le peintre Giacomo Balla avec qui il partage logement et atelier. Les deux hommes, très engagés politiquement, se rapprochent du socialiste révolutionnaire français Henri Barbusse. Comme illustrateur, son style – d’abord proche de celui de Steinlen et de Forain – subit l’influence des œuvres de son compatriote Giovanni Boldini dont il adopte la ligne fluide et énergique. Pour le livre d’André Theuriet, Macchiati réalise soixante-deux dessins au lavis d’encre relevé de gouache blanche. En tête du onzième chapitre, l’un de ses dessins représente le personnage principal du roman, Philippe, assis dans un fauteuil, face à une table sur laquelle un encrier et des feuillets sont disposés. L’homme qui vient de terminer ses travaux d’écriture regarde dans le vide, plongé dans ses réflexions. Les traits du modèle, son regard sombre, sa barbe et ses élégantes moustaches se retrouvent dans les différents portraits photographiques que l’on connaît de Macchiati et attestent que ce dessin est un autoportrait. Pour prendre la pose face au miroir, l’artiste s’inspire d’un passage précis du texte, noté par lui sur le montage : « Il n’avait conservé que juste assez de lucidité pour observer les phénomènes extérieurs et les transformer en de chimériques visions ». 

Tout en collaborant avec les éditeurs et certains journaux comme Le Figaro illustré, Macchiati diversifie ses activités et réalise plusieurs affiches publicitaires dans le goût Art nouveau alors en vogue. À la fin de sa vie, le peintre lègue à la France un certain nombre de ses œuvres qui entrent à sa mort en 1916 au musée du Luxembourg. En 1922, la XIIIe Biennale de Venise consacre à Serafino Macchiati une exposition où furent présentées trente-deux de ses œuvres, dont Jardin sous la neige, Cerisier en fleur, La Seine à Vitry ou Le Chêne et l’olivier. Sa descendante Silvana Frezza Macchiati, en collaboration avec Raffaele De Grada, a publié en 2003 un catalogue raisonné de son œuvre en deux volumes.

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