Jean-Baptiste ISABEY (1767-1855)

Portrait-charge du baron Taylor (1789-1879), vers 1810-1815
Lavis d’encre sur papier
26 x 14 cm
Titré en haut à gauche Bon Taylor
Signé en bas à droite J. Isabey
Porte au revers une étiquette numérotée 516 

Né à Bruxelles en 1789, Isidore Taylor est issu d’une famille d’origine irlandaise installée en France sous la Révolution. Orphelin de père à l’âge de cinq ans, le garçon est élevé par sa mère qui le destine à une carrière militaire. Tout en se préparant à l’École polytechnique, Isidore se passionne de façon précoce pour la littérature et les arts. Adolescent, il reçoit des conseils du peintre Joseph-Benoît Suvée et fréquente l’atelier d’Ignazio Degotti, artiste italien en charge des décors de l’Opéra de Paris. La première rencontre entre le jeune Taylor et le peintre Jean-Baptiste Isabey dut y avoir lieu. Ce dernier prend en 1809 la succession de Degotti comme directeur en chef des décors. Ancien élève de Jacques-Louis David, il est principalement reconnu pour son talent de miniaturiste. En parallèle de ses portraits d’une grande fidélité, il aime caricaturer ses amis et ses proches. 

Lorsqu’il décide de croquer Taylor, celui-ci ne doit pas avoir plus de vingt ans. Représenté de face sur une feuille étroite, le jeune homme a de petits yeux plissés, un long nez qui domine un immense sourire, toutes dents dehors, et un menton fort. Son visage, encadré de larges boucles sombres, repose sur deux traits d’encre accentuant un cou exagérément long. Vers 1810, Jean Alaux peint un portrait plus sérieux du modèle. La comparaison entre les deux œuvres met en évidence l’acuité d’Isabey pour saisir avec humour la physionomie générale de Taylor en quelques traits rapides. 

À vingt ans, Isidore Taylor, qui vient de publier ses premiers articles dans des journaux parisiens, décide de voyager ; il parcourt la France, puis l’Allemagne et l’Italie. Cette découverte de l’Europe forge durablement son amour pour le patrimoine. Avec l’aide de son ami Charles Nodier, il se lance en 1818 dans une aventure éditoriale qui occupera toute sa vie. L’ouvrage, qui prend le nom de Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France, est publié en vingt-quatre volumes entre 1820 et 1878. L’ensemble, réparti par régions, est illustré par de nombreuses vignettes et planches lithographiées. Pour le volume consacré à la Normandie, Taylor fait appel à Jean-Baptiste Isabey qui lui fournit plusieurs lithographies. En 1825, Taylor reçoit le titre de baron et prend la direction de la Comédie-Française. À ce poste, il favorise l’émergence du théâtre romantique en permettant à Alexandre Dumas d’y monter Henri III et sa cour et à Victor Hugo de présenter Hernani.