Pierre-Maximilien DELAFONTAINE (1774-1860)

Portrait d’Émilie Delafontaine et d’Henriette Ruault, 1800
Crayon sur papier
30 x 25,5 cm
Provenance : descendants de l’artiste
Signé, daté et annoté PM. Delafontaine / élève de David /Septembre 1800 / Croquis non terminé, commencé / dans mon Atelier au musée du monument français / Mme heriette Ruault / amie d’Emelie / Emelie Claudine née Herbillon / Mme Delafontaine, depuis 2 mois / intime amie de MmeRuault, épouse d’un traducteur de l’Eneide

Acquisition par la Fondation Custodia

Pierre-Maximilien Delafontaine est le fils de Jean-Baptiste Delafontaine qui créa sa propre fonderie au XVIIIe siècle. Artiste complet, le jeune Pierre-Maximilien se forme à la sculpture et à la fonte auprès de son père mais également à la peinture dans l’atelier de David. En 1798, il participe pour la première fois au Salon en exposant Une Scène du Déluge ainsi que deux portraits. L’un de ces tableaux, titré Un Portrait d’homme patinant, représente le graveur Bertrand Andrieu et reste son œuvre la plus célèbre. À cette époque, Delafontaine vit rue de la Monnaie à Paris, près du Louvre, et occupe un atelier au sein du musée des Monuments français dans l’ancien couvent des Petits-Augustins. Le fondateur de ce musée, Alexandre Lenoir, est un ami de Pierre-Maximilien qui réalise un premier portrait de lui en 1799, suivi d’un second où le conservateur est représenté en compagnie de sa femme, l’artiste Adélaïde Binart, ainsi que de leur fille. 

Le 23 juin 1800, Pierre-Maximilien Delafontaine épouse Émilie Claudine Herbillon. Deux mois plus tard, le jeune marié réalise un portrait dessiné de son épouse en compagnie de son amie Henriette Ruault. Les deux jeunes femmes, visiblement très proches, sont représentées assises côte à côte. Émilie, sur la droite, nous regarde. Elle est coiffée d’un chapeau à la Minerve garni d’un ruban et porte une robe légère en mousseline à la mode sous le Directoire puis sous le Consulat. D’une main, elle tient un éventail et de l’autre serre celle de son amie Henriette qui regarde vers l’extérieur de la page. Sa robe, une chemise à collet d’homme plissée sous la poitrine, semble plus élaborée que celle d’Émilie. Il en est de même pour sa coiffure savamment ébouriffée. Elle tient dans sa main droite un petit sac – un réticule – et un éventail. L’artiste, qui a réalisé ce dessin au crayon noir, a pris soin de le compléter, a posteriori, par de nombreuses annotations précisant la date d’exécution ainsi que l’identité et le statut des deux modèles. Il est mentionné qu’Henriette était « [l’]épouse d’un traducteur de l’Enéide », Nicolas Ruault. 

Pierre-Maximilien déménage rapidement avec son épouse dans l’hôtel d’Aligre, au 123 rue Saint-Honoré. En 1802, l’artiste expose deux nouveaux tableaux au Salon puis disparaît des livrets. S’il continue à peindre et à dessiner, il semble privilégier son travail de fondeur-bronzier dans l’atelier familial dont il prend la direction à partir de 1818. Cette fonction lui permet de collaborer avec les plus grands ébénistes dont François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter et les meilleurs sculpteurs de son temps tels qu’Antoine-Louis Barye, James Pradier ou Francisque Duret. Émilie et Pierre-Maximilien ont plusieurs enfants dont Louise Émilie, née en 1805, qui épouse en 1832 le peintre Merry-Joseph Blondel, et Auguste Maximilien, né en 1815, qui reprendra en 1840 la fonderie à la suite de son père. 


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