Francesco BELLONI (1772-1863)

Projet de plateau de table, 1813
Aquarelle sur papier
17,1 x 26 cm
Annoté sur la feuille par Francesco Belloni Ce dessein executé en marbres de Flandre coutera environs trois cents francs / Ce dessein executé en marbre d’Italie coutera cinquante francs environs. / Le dessein exécuté en albâtres orientaux, marbres antiques et cornaline coutera environs mille francs
Annoté, daté et signé par Pierre François Léonard Fontaine Monseigneur arrête que le dessus de table en mosaique proposé par M. Belloni sera exécuté en marbre d’Italie conformément au détail ci-dessus pour le prix de cinquante francs/ Paris le 20 mai 1813 Fontaine

Vendu

Sous l’impulsion de Napoléon, les architectes Pierre François Léonard Fontaine et Charles Percier ont transformé Paris et jeté les bases du style Empire. Le 25 avril 1813, Fontaine est nommé premier architecte de l’Empereur et à ce titre supervise les grands projets en cours. Au-delà des questions d’architecture, il s’intéresse également à tout ce qui touche aux arts décoratifs, sélectionnant et dessinant parfois lui-même différentes pièces de mobilier ou d’orfèvrerie dont la réalisation est confiée aux meilleurs artisans, tels que Jacob-Desmalter et Odiot. 

Le 20 mai 1813, Fontaine valide un projet de dessus de table en micro-mosaïque dessiné par Francesco Belloni. Sous l’aquarelle qui représente les trois temples de Paestum, Belloni écrit différentes possibilités de réalisation et précise pour chacune d’elles un devis approximatif allant de 50 francs, pour du marbre d’Italie, à 1000 francs environ si des marbres antiques ou de la cornaline sont employés. Plus bas sur la feuille, Pierre François Léonard Fontaine choisit la deuxième option, la moins onéreuse. Pour imaginer sa composition, Belloni semble s’être inspiré d’un tableau de Fiodor Mikhailovich Matveïev (1758-1826), conservé à Saint-Pétersbourg au musée de l’Ermitage, qui aura également servi de modèle à son concurrent, Gioacchino Rinaldi, pour une table exposée au Salon en 1806 et qui se trouve aujourd’hui au Israel Museum de Jérusalem. 

Célèbre mosaïste, Belloni est né à Rome et s’est formé dans les ateliers du Vatican. Pour la papauté, il réalise des copies de tableaux en mosaïque mais la raréfaction des commandes le pousse à prendre en 1797 la route de Paris, où il reçoit le soutien de Joseph Bonaparte et d’Alexandre Lenoir, fondateur du musée des Monuments français. À partir de 1807, il enseigne son art à l’École impériale de mosaïque. Francesco Belloni supervise l’exécution de grandes commandes impériales, avec de grands formats destinés à orner les palais. À cette époque, il exécute ainsi en mosaïque le Portrait de Napoléon en uniforme de colonel des grenadiers de la Garde dans son cabinet de travail, qui se trouve au château de Malmaison, et la splendide mosaïque imaginée pour la salle de la Melpomène de la galerie des antiques du palais du Louvre, les deux d’après des compositions du baron Gérard. À la chute de l’Empire, Fontaine et Belloni reçoivent la protection des Bourbons malgré les liens qui les rattachaient avec le pouvoir impérial. Le premier se voit renforcé dans ses attributions tandis que le second reçoit plusieurs commandes, dont le Portrait du roi Louis XVIII d’après le baron François Gérard, en micro-mosaïque daté entre 1814 et 1824 et récemment acquis par le musée du Louvre. À la même époque, il travaille sur un autre plateau de table qui sera modifié plus tard pour recevoir le profil du nouveau roi, Charles X. 

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