Le Palais de Fredensborg depuis le jardin de marbre, 1894
Huile sur carton
43,5 x 31,5 cm
Localisé, daté et signé en bas à droite Marmor – Haven. /1894. L.Kabell.
Le palais de Fredensborg est l’une des résidences de la famille royale du Danemark. Construit à la demande du roi Fréderic IV à partir de 1719, il est baptisé « château de la Paix » pour commémorer la fin de la grande guerre du Nord qui vit la défaite de la Suède et la victoire de la coalition menée par le Danemark et la Russie. Les travaux, qui se poursuivent sous les règnes de Christian VI puis de Frédéric V, se terminent en 1753. Les sobres façades blanches du bâtiment, surmontées de flèches et de hautes toitures couvertes de cuivre, dominent un parc de cent vingt hectares. Directement visible depuis les appartements royaux, le jardin de marbre, commandé par Frédéric V, doit son nom aux nombreuses sculptures, colonnes et vases qui le décorent. Au cours des XVIIIe et XIXe siècles, de nombreux artistes reçus par la famille royale viennent le visiter et y trouver l’inspiration.
Fils d’un prêtre danois, Ludvig Kabell développe très tôt des talents artistiques qui sont remarqués par son premier professeur Georg Hilker. À l’âge de vingt ans, il part pour Copenhague où il entre à l’Académie royale des Beaux-Arts. Formé sous la direction du peintre paysagiste Peter Christian Skovgaard, il se lie d’amitié avec Godfred Christensen et Karl Jensen. La première exposition monographique de ses œuvres en 1878 à Copenhague rencontre un grand succès et lui permet de financer un voyage en France et en Italie. Après avoir reçu plusieurs récompenses qui continuent de susciter l’intérêt du public, son mariage en 1887 avec la baronne Rudolphine Wedell-Wedellsborg lui offre un accès privilégié à l’aristocratie danoise. À partir du début des années 1890, Ludvig Kabell et son épouse fréquentent régulièrement le palais de Fredensborg. Le peintre qui arpente ses bois et ses jardins y peint régulièrement, comme en témoignent les titres de ses œuvres dans la liste rédigée lors de l’inventaire de son atelier.
Dans la vue du palais réalisée depuis le jardin de marbre en 1894, Kabell, attiré par la lumière froide du nord, associe l’approche synthétique héritée de la peinture danoise avec un traitement du jardin qui rappelle les œuvres impressionnistes de Gustave Caillebotte dans sa résidence de Yerres. En 1895, le peintre reçoit la médaille Eckersberg qui couronne sa carrière. Il meurt sept ans plus tard non loin du motif de ce tableau, à Fredensborg.