Paul BUFFET (1864-1941)
Goro, 1897
Huile sur toile
22 x 41 cm
Signé du monogramme localisé et daté en bas à gauche P. B. / GORO 97
Vendu
Élève de Gustave Boulanger et de Jules Lefebvre à l’École des Beaux-Arts de Paris, Paul Buffet débute sa carrière au Salon des artistes français en 1886. Fasciné par l’Orient, Buffet adhère en 1892 à la Société des peintres orientalistes récemment fondée par Léonce Bénédite et expose certaines de ses œuvres à la galerie Durand-Ruel. L’année suivante, il reçoit une médaille de 2e classe au Salon puis connaît le succès pendant l’édition de 1894 en présentant Le Défilé de la Hache (Salammbô), un tableau directement inspiré du roman de Gustave Flaubert. La toile est récompensée par le jury et l’État lui octroie une bourse de voyage. Grâce à cette manne financière, il prend la route de l’Afrique à la découverte de l’Abyssinie.
Située au nord de l’actuelle Éthiopie, l’Abyssinie est à cette époque un royaume dirigé par le négus Menelik II. Ce vaste territoire, malgré la convoitise des empires coloniaux, parvient encore à étendre ses frontières de l’Érythrée au Soudan et jusqu’en Somalie. Monarque éclairé, le négus modernise son pays en faisant construire une ligne de chemin de fer, en introduisant le télégraphe et la première ligne téléphonique. Il s’intéresse également à l’éducation de son peuple et ouvre sa cour aux visiteurs occidentaux. À son arrivée, Paul Buffet est reçu par Menelik II dont il réalise le portrait. À son retour en France, l’image est reproduite en couleur à la une du Petit Journal du 28 août 1898. Durant ce séjour, Paul Buffet visite la région et réalise énormément d’études qui lui servent par la suite pour composer des œuvres abouties. Dans la région du Goro, il saisit sur la toile le panorama d’un paysage inhabité. Le plateau à la végétation rase, sur lequel le peintre s’est installé, propose un point de vue sur le lointain où les montagnes se teintent d’ocre, de mauve et d’orangé. Le ciel chargé de nuages ne laisse apparaître qu’une fine ligne bleutée au-dessus des cimes. Datée de 1897, l’œuvre depuis la lointaine Afrique dialogue avec les toiles synthétiques de Paul Gauguin peintes à Pont-Aven et Papeete.
Après un séjour de quatre années, Paul Buffet participe à l’Exposition universelle de 1900 durant laquelle il reçoit une médaille d’argent. La même année, il contribue à la décoration des salles du restaurant Le Train bleu de la gare de Lyon à Paris puis, peu après, réalise avec d’autres artistes les décors de l’hôtel de ville de Neuilly-sur-Seine avant de repartir en Afrique en 1909. Profondément croyant, il rejoint les ordres en 1916 et ne cesse jamais de peindre. Devenu aumônier de l’Union catholique des beaux-arts et de la Société de Saint-Jean, Paul Buffet expose ses œuvres au Salon jusqu’en 1929 avant de s’éteindre loin des terres d’Afrique en 1941.