Jean-Jacques MONANTEUIL (1785-1860)
Oscar et Malvina, vers 1824-26
Huile sur papier marouflé sur toile
23,8 x 20,4 cm
Provenance : ancienne collection His de La Salle
Exposition : La Légende d’Ossian illustrée par Girodet, 1988, musée Girodet, Montargis, n°18.
Vendu
Dès la fin du XVIIIe siècle, le mythe d’Ossian sert d’inspiration pour les peintres et connaît un succès grandissant avec l’émergence du romantisme. L’imposture littéraire de James Macpherson, un jeune auteur écossais qui prétendait en 1761 avoir traduit depuis le gaélique des textes anciens qu’il venait de découvrir, offre aux artistes de nombreux sujets inédits et une pléiade de personnages jusque-là inconnus. Malvina, fille de Toscar et belle fille d’Ossian, est l’une des figures majeures de cette épopée. Héroïne vertueuse d’une grande beauté, Malvina est amoureuse d’Oscar. Le décès de son amant laisse la jeune femme inconsolable. En 1801, dans le prologue d’Atala, René de Chateaubriand comparait le couple formé par son héroïne et l’indien Chactas à Oscar et Malvina. Son ami, le peintre Girodet, s’était inspiré d’Ossian pour son Apothéose des héros français et illustra le mythe dans une multitude d’esquisses et de dessins à plusieurs moments de sa carrière. Le cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale de France conserve un ensemble de lithographies « dites » d’après Girodet qui représentent Malvina pleurant la mort d’Oscar. Datées de 1826 et signées par Jean-Jacques Monanteuil, elles traduisent sur la pierre différentes études laissées par le maître à sa mort en 1824. Les relations de Girodet avec l’estampe sont complexes et restent à étudier. Il ne s’agissait pas forcément de la simple traduction de ses œuvres peintes, mais également de créations autonomes, dirigées par lui et dont la réalisation était confiée à ses élèves. Sur une préparation à fond rouge, le peintre a esquissé en grisaille la figure délicate de Malvina jouant de la lyre. Le spectre d’Oscar, vêtu de son armure, est blotti contre ses jambes et laisse apparaître par transparence la pleine lune au centre de la composition. Exposé par deux fois sous le nom de Girodet, puis attribué à Auguste Couder, ce modello préparatoire à la lithographie doit être rendu à Jean-Jacques Monanteuil. Il en est de même pour un dessin de sujet identique, conservé au Louvre, anciennement attribué à Franquelin. Élève de Girodet depuis l’adolescence, l’artiste réputé d’une grande beauté servit de modèle à plusieurs reprises pour son maître. À vingt ans, il posait avec sa jeune épouse pour la figure du couple de paysans dans Napoléon recevant les clefs de Vienne, et pour la figure de Chactas dans Atala au tombeau. Le visage d’Oscar peu détaillé dans l’esquisse peinte est clairement reconnaissable dans la lithographie où son personnage est isolé. Il s’agit de Monanteuil lui-même tel que Girodet avait pu le dessiner vingt ans plus tôt. Anne-Louis Girodet, Atala au tombeau (détail), 1808, huile sur toile, Paris, musée du Louvre.
Nous tenons à remercier chaleureusement Saskia Hanselaar pour son aide dans la rédaction de cette notice.