Les Voûtes du quai de Gesvres en direction du pont au Change, vers 1815
Huile sur toile
43 x 71 cm
Exposition : Un Panorama de Paris et ses environs, tableaux-dessins 1680-1840, 1996, Galerie J. Kugel, Paris, n°21
Acquisition par la Fondation Custodia, Paris
Cette seconde composition d’Auguste-Jacques Régnier prise depuis les voûtes du quai de Gesvres inverse la perspective dont le point de fuite se situe dans l’axe du tunnel fermé par une grille. Les ouvertures, moins visibles, assombrissent l’espace où la lumière pourtant estivale pénètre avec difficulté. Deux hommes transportent des pierres tombées de la voûte pour les amasser sur le côté et dégager le passage. Sur la gauche, la première arche laisse apparaître le pont au Change où une foule traverse vers la Conciergerie que l’on aperçoit au loin. Plus bas, une barque navigue sur le fleuve et se dirige vers le pont Notre-Dame. Pour cette œuvre également, le musée Carnavalet possède une autre version. Datée de 1815, elle montre encore une fois des variations significatives dans les détails. Les travailleurs du premier plan sont remplacés par un homme assis regardant le fleuve et une femme qui se tient debout derrière lui. Le pont et la Conciergerie sont recouverts de neige et la foule a disparu, chassée par le froid. L’été a cédé sa place à l’hiver. Loin de se limiter à un simple travail de répétition, Régnier compose en musicien. L’agencement savant de ces deux peintures se prête à l’exercice et permet au peintre d’évoquer le silence opposé au vacarme, l’été opposé à l’hiver. En un même lieu, l’artiste change simplement de perspective d’un pendant à l’autre et de détails entre deux faux jumeaux. Par la suite, Auguste-Jacques Régnier participe régulièrement au Salon et reçoit quelques commandes officielles pour la galerie de Diane à Fontainebleau et l’église Saint-Roch à Paris. Au début des années 1820, il se lie d’amitié avec le peintre anglais Richard Parkes Bonington qui lui fait découvrir l’œuvre de John Constable. De ce dernier, il possède une esquisse de paysage que toute la nouvelle génération des peintres romantiques vient admirer dans son atelier. Avec l’aide de son élève Jean-Jacques Champin, il publie durant les années 1830 un ensemble de recueils lithographiques sur les rues de Paris, suivi de l’illustration des habitations des personnages les plus célèbres. Ces différentes publications, comme ces deux vues depuis les voûtes du quai de Gesvres, font de Régnier l’un des témoins principaux d’une vision romantique de Paris dans la première moitié du XIXe siècle. Le canal des Cagnards fut entièrement fermé et remblayé sous le Second Empire. Aujourd’hui, il est parcouru par les voies de la ligne 7 du métro parisien.