Jehan-Georges VIBERT (1840-1902)
Narcisse changé en fleur, 1864
Encre sur papier
15,7 x 21,7 cm
Signé et titré en bas au centre Narcisse changé en fleur / Croquis de mon tableau / du salon / J. Georges Vibert
Acquisition par la Fondation Custodia
Jehan-Georges Vibert est le fils de Théodore Vibert, un éditeur parisien et le petit-fils de Jean-Pierre-Marie Jazet un célèbre graveur. Il débute sa formation chez ce grand-père maternel où il apprend l’art du dessin avant d’intégrer l’atelier du peintre Félix Barrias puis celui d’Édouard Picot à l’École des Beaux-arts en 1857. Il y passe six années sans obtenir de prix et commence à exposer au Salon en 1863. Ses deux premières toiles, La Sieste et Le Repentir ne reçoivent aucun écho. Sans se décourager il travaille déjà sur une toile de grandes dimensions (112 x 203 cm) pour le Salon de l’année suivante. Présenté en 1864, son Narcisse changé en fleur montre le bel éphèbe qui a déjà fermé les yeux. Son corps, entièrement nu, est étendu sur la rive. Quelques fleurs visibles entre ses bras et dans sa chevelure montrent que la transformation a commencé. Tiré du livre III des Métamorphoses d’Ovide, le mythe de Narcisse raconte l’histoire d’un jeune homme dont la beauté était telle, qu’épris de lui-même, il finit par mourir de regarder son reflet dans l’eau. Les dieux de l’Olympe par pitié pour son sort lui offrirent l’immortalité sous la forme d’une fleur blanche qui porte son nom : le narcisse.
L’œuvre acquise par l’État est récompensée par une médaille. Edmond About dans son commentaire du Salon de 1864, décrit élogieusement le tableau comme « un des meilleurs de la génération nouvelle ». Cette année-là Hippolyte de Villemessant, le patron du Figaro et son gendre, le journaliste Gustave Bourdin, préparent un supplément au journal l’Autographe intitulé l’Autographe au Salon. À leur demande Vibert envoie un croquis de son tableau qui sera reproduit à l’identique en fac-similé par le graveur Gillot.
Dessinée à l’encre brune, la figure de Narcisse, par l’effet d’une technique différente de celle de l’œuvre peinte, semble réellement se dissoudre dans l’eau et se mêler à la terre, appuyant l’effet de métamorphose voulu par le sujet. L’artiste, d’un geste vif et spontané, fait gagner à son dessin une impression de virtuosité et de facilité qui contraste avec l’aspect éthéré de l’œuvre du Salon. Cette dernière, suite à son acquisition, fut exposée au musée du Luxembourg avant d’être envoyée au musée de Bordeaux où elle est encore visible aujourd’hui.