Antoine BARBIER (1859-1948)

La Genèse de la lune, 1916
Encre de chine et gouache papier
13,1 x 27,9 cm
Signé du monogramme et titré au revers
Publié dans Séléné paru en 1916

Vendu

Après avoir passé les douze premières années de sa vie dans sa région natale du Rhône, Antoine Barbier passe les douze suivantes en Algérie avec son frère qui vient d’y être nommé prêtre. À vingt-quatre ans, de retour en France, il vit à Lyon et devient successivement topographe, employé de banque puis vendeur au Grand Bazar. Ne tenant pas en place, il quitte de nouveau la France en direction de la Turquie où il gère d’abord un domaine viticole avant d’accepter un poste de professeur. Par la suite, en autodidacte talentueux, il devient peintre ornemaniste et architecte à la cour du prince de Bulgarie jusqu’en 1895. Fuyant la région en proie à de violents changements de régime, il s’installe à Paris où il accepte divers emplois d’illustrateur pour les journaux et les éditeurs d’affiches. Ce n’est qu’à cette époque qu’il commence véritablement à prendre des cours de peinture. En 1900, âgé de quarante-et-un ans, il se marie et se stabilise à Lyon. Ses techniques de prédilection sont le dessin et l’aquarelle qu’il manie avec virtuosité pour tracer les paysages de sa région. Adhérent à la Société lyonnaise des Beaux-Arts, il commence à exposer ses œuvres et reçoit plusieurs récompenses ainsi que des critiques élogieuses qui lui valent ses premières commandes officielles.

Réalisé à l’encre de chine et à la gouache blanche sur un papier épais d’un format étiré à l’horizontale, ce dessin se compose de deux parties. Sur la gauche, l’astre solaire est recouvert d’un napperon brodé qui occulte l’intensité de sa lumière et permet au ciel nocturne de se consteller d’étoiles. À droite, les nuages vaporeux s’écartent pour laisser place à la nuit. Plus tout à fait symboliste, l’œuvre est déjà imprégnée d’un sentiment lié au mouvement surréaliste dont André Breton rédigera le manifeste huit ans plus tard. Ce dessin, pour le moins surprenant, fut reproduit dans un recueil. Édité en 1916 sous le titre évocateur de Séléné par l’éditeur Emmanuel Vitte et par l’écrivain Fleury Vindry, l’ouvrage articulait textes et dessins sur le thème de la lune. Antoine Barbier y contribua avec plusieurs poèmes et surtout de nombreuses illustrations. La Genèse de la Lune, second poème du recueil, est l’œuvre d’Antoine Barbier qui se chargea de l’illustrer. Associée à la lecture du texte dont elle orne la première page, cette encre, à la signification d’abord hermétique, gagne en clarté d’intention sans perdre de sa magie esthétique.

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