Camille ROQUEPLAN (1803-1855)

Esquisse pour un naufrage, vers 1841
Huile sur toile
26,5 x 31 cm

Vendu

Selon plusieurs de ses biographes, Camille Roqueplan répugna longtemps à embrasser la carrière de peintre malgré un talent précoce. Bien qu’encouragé par son père puis par ses maîtres successifs, il faillit abandonner plusieurs fois pour mener des études de médecine avant de se résigner à être pleinement et exclusivement un artiste. Ce tiraillement et l’absence de désir de réussite confèrent à ses œuvres une profonde liberté et une grande variété. Son tout premier professeur, Maillart, lui enseigna dès sa jeunesse l’art du paysage. Roqueplan, qui réalisa un grand nombre de peintures à sujet romantique, conserva pour le genre du paysage une affection particulière tout au long de sa vie. En 1831, il exposa au Salon une grande marine titrée Vue prise sur les côtes de Normandie, représentant plusieurs embarcations prises dans une mer agitée, et qui connut un grand succès. Le peintre réalisa plusieurs marines à l’huile de formats variés durant sa carrière, mais également des aquarelles, technique romantique par excellence, dans laquelle il excellait.

D’un geste rapide et intuitif, Roqueplan creuse les vagues sur la toile, noyant sous d’épaisses touches de peinture blanche mêlées de brun un frêle esquif voué à disparaître sous les flots. Sur l’horizon, un bateau à vapeur semble vouloir quitter la toile à toute vitesse pour échapper à la tempête qui se prépare. Le ciel bleu nuit, percé d’une grande masse blanche qui le divise en deux, confère à la scène une étrangeté presque fantastique. Une aquarelle conservée au musée de Rouen qui représente une famille sur une barque ballottée par les vagues pourrait servir d’illustration au prologue de notre naufrage. Il existe également en collection privée une autre marine de Roqueplan, datée de 1841, qui est assez proche dans sa composition et sa technique de celle que nous présentons.

D’une grande liberté, cette peinture a l’apparence de l’inachevé auquel rien ne devrait plus être ajouté. Contemporaine de certaines œuvres de Turner, elle annonce, par les choix colorés qui la composent, les marines que Courbet et surtout Manet peindront quelques années plus tard.

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