Rochers à Belle-Île-en-Mer, 1841
Huile sur toile
31 x 39 cm
Signé et daté en bas à droite
Acquisition du musée de Quimper
Théodore Gudin consacra toute sa vie à la mer et fut le premier peintre officiel de la Marine royale. Après avoir passé plusieurs années dans l’atelier de Girodet avec son frère Louis, il exposa pour la première fois au Salon de 1822. De sa participation à l’expédition d’Alger en 1830 et de son voyage en Italie, il a rapporté un très grand nombre de dessins et d’études de marines. Spécialisé dans la représentation de grandes batailles navales et de scènes de naufrage, il reçut de Louis-Philippe la commande de quatre-vingt-dix tableaux destinés au musée de Versailles pour commémorer le souvenir des grands épisodes de l’histoire navale française. Proche de la famille d’Orléans, il fut nommé baron puis reçut la Légion d’honneur en 1841. Cette marine date de cette année-là.
Alors qu’il vit à Paris, occupé par les commandes royales, c’est en Normandie et en Bretagne que Gudin va à la rencontre des éléments, en quête d’inspiration. Un rocher sombre et monumental à l’aspect organique, fait d’ocre et de brun, occupe la moitié droite de la composition et semble avoir pris la mer au piège pour mieux la dévorer. À l’arrière-plan, les côtes de Belle-Île-en-Mer, crayeuses, protègent des flots apaisés sous un ciel laiteux. Fascinante et menaçante, cette nature intemporelle occulte l’humain et échappe à l’anecdote.
La mort de son frère aîné en 1820 hanta le peintre toute sa vie. Alors qu’ils canotaient ensemble sur la Seine, à la recherche du motif, Théodore ne put sauver Louis de la noyade. En 1864, il œuvra en sa mémoire à la création de la Société centrale de sauvetage des naufragés.