Auguste COUDER (1790-1873)

Le Général Moreau dictant ses dernières volontés à son ami et aide de camp, le colonel Rapatel, 1814
Lavis d’encre sur papier
12,5 x 15 cm
Signé en bas à droite

Lorsqu’Auguste Couder entreprend la réalisation de sa Mort du général Moreau pour le Salon de 1814, Napoléon vient d’abdiquer pour la première fois, et le peintre est encore inconnu. Un tel sujet ne pouvait être exposé sous l’Empire. Après avoir servi comme général dans l’armée sous la Révolution, Jean-Victor Moreau (1763-1813), militaire d’origine bretonne, fut accusé de trahison et banni par Napoléon Bonaparte en 1804. Il s’exile avec son épouse aux États-Unis, avant de se mettre au service du tsar Alexandre 1er et de se battre aux côtés de la coalition européenne opposée à Napoléon. Pendant la bataille de Dresde, le 27 août 1813, Moreau est gravement blessé et décède quelques jours plus tard.

Moins d’un an après, Auguste Couder choisit donc de représenter, non les derniers instants d’un traître à l’Empire, mais ceux d’un héros pour la monarchie nouvellement restaurée. Le titre complet de l’oeuvre exposée au Salon de 1814 est Le général Moreau dictant ses dernières volontés à son ami et aide de camp, le colonel Rapatel.

Couder-La-mort-du-général-Moreau

Notre dessin au lavis d’encre représente précisément ce moment où le général alité, malade mais encore éveillé, est réellement en train de dicter ses dernières volontés. Dans l’oeuvre définitive, le peintre choisira fi­nalement de représenter son dernier soupir. La scène éclairée par une unique bougie met l’accent sur les deux personnages. La composition du dessin, proche de celle du tableau, est cependant inversée. L’aide de camp, qui porte sur la feuille une courte barbe, a rajeuni et n’est plus assis dans le tableau. Les accessoires, chaise, table, épée et lit à baldaquin, restent presque identiques d’une composition à l’autre. Avec son sujet opportun, cette première oeuvre exposée au Salon permit à Couder de recevoir un grand nombre de commandes sous la Restauration. Ce tableau est aujourd’hui conservé au musée des Beaux-Arts de Brest. Le général Moreau fut inhumé sur ordre du tsar dans la crypte de l’église Sainte-Catherine à Saint-Pétersbourg.

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